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Meherzia Laabidi : Le «cadeau» de Nidaa Tounes aux Tunisiennes

Meherzia-Laabidi

Avec l’élection de Meherzia Laabidi à la tête de la Commission de la femme, Nidaa Tounes vient de porter un nouveau coup à la Tunisie

Par Rachid Barnat

Le réseau sociaux et les journaux bruissent de réactions de colère de la société civile à l’élection de Meherzia Laabidi à la présidence de la Commission des femmes et de la famille et, en général, ces réactions sont totalement négatives même si certains essaient de la justifier.

Une défaite en rase campagne

La participation de Nidaa Tounes à cette élection, puisqu’elle n’a pas pu se faire sans l’aval de ce parti, est une très grave faute que le parti paiera cher. Comment en effet justifier que sur un thème aussi sensible que celui du droit des femmes – qui fut la grande oeuvre de Bourguiba, qui mit la Tunisie au rang des nations les plus avancées, fit de ce pays un exemple unique dans le monde arabe – on confie la présidence à une islamiste qui, au moment des débats de la Constitution, soutenait que la femme est «le complément de l’homme» ?

Cette affaire est symbolique et c’est une défaite en rase campagne pour les femmes émancipées de Tunisie qui vont se voir représentées ici et dans le monde par une femme aux idées arriérées, qui a soutenu ouvertement les Frères musulmans en Egypte avec tout ce que cela signifie de régression et d’atteinte aux droits de l’homme !

Certains nous disent : cela n’est pas grave. Une présidente de commission n’a qu’un pouvoir limité. Cela pourrait être un argument concernant une commission technique sur le commerce ou l’artisanat, mais, ici, nous sommes dans le  symbole un des plus important du pays ! Et cette élection est tout sauf anodine.

Les femmes sacrifiées aux calculs politiques

Que Nidaa Tounes ait participé à cette défaite des femmes alors que ce parti a été porté en grande partie, le président Caïd Essebsi l’ayant lui même reconnu, par les femmes, est une aberration et un manque de sens politique total.

On nous dit aussi que, compte tenu de la constitution, il fallait bien abandonner certaines commissions aux islamistes. Sans doute. Mais je persiste à penser que c’était une des commissions qui tenait du symbole et qui n’aurait pas dû échoir aux obscurantistes.

Ce choix politique, outre qu’il est méprisant pour les femmes de ce pays que l’on a considérées comme insignifiantes et pouvant être sacrifiées sur l’autel des petits calculs politiques, est également lourd de sens. Il confirme ce que beaucoup ont toujours redouté de cette alliance contre nature avec les obscurantistes à savoir qu’on leur abandonne la société civile pour garder les ministères régaliens. Ce qu’ont fait les responsables algériens avec le FIS, la branche algérienne de l’organisation internationale des Frères musulmans, avec le résultat que l’on sait : islamisation en profondeur de tous les pans de la société algérienne !

Mauvais calcul ! Calcul de court terme car les Nahdhaouis, l’autre branche tunisienne de l’organisation internationale des Frères musulmans, vont en profiter pour continuer leur travail d’islamisation rampante de la société et, le moment venu, n’auront plus qu’à récolter les fruits de cette politique.

Nidaa Tounes avait déjà déçu, et fortement, lorsque, trahissant ses promesses et ce qu’il disait avant les élections, en s’alliant aux islamistes. Il était prévisible qu’il abandonnerait nécessairement un certain nombre de domaines aux obscurantistes. Voilà qui est fait et dans un domaine hautement symbolique et crucial pour l’avenir : le droit des femmes !

Que ceux qui ont voté pour cette femme ne viennent pas nous dire qu’ils se réfèrent à Bourguiba : ils nous prendraient pour des imbéciles.

Beaucoup avait pronostiqué une chute de Nidaa Tounes dans le cœur des électeurs. Cette dernière péripétie va détourner encore plus de Tunisiens de ce parti qui n’a pas été capable de défendre les valeurs essentielles qui fondent ce pays et qui en faisait un exemple dans le monde.

On finit par se demander si l’on n’a pas été injuste à l’égard de Mustapha Ben Jaâfar, l’ancien président de l’Assemblée nationale constituante (ANC), auquelon avait reproché son alliance avec les islamistes d’Ennahdha. Qu’a-t-il fait de plus mal au fond que ce mauvais coup que viennent de porter à la Tunisie les députés de Nidaa Tounes?

Blog de l’auteur.

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