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Hammamet : Ibrahim Maalouf ou le jazz au singulier pluriel

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Le concert d’Ibrahim Maalouf, mardi dernier, restera l’un des moments les plus mémorables des festivals d’été 2016. On en redemande.

Par Fawz Ben Ali

Depuis le début de sa 52e édition, le Festival international de Hammamet n’a pas vu un public aussi nombreux et aussi heureux que celui venu, le mardi 26 juillet, assister au concert du trompettiste et jazzman franco-libanais Ibahim Maalouf, qui, après des concerts à guichets fermés à l’Olympia et au Zénith, s’arrête au théâtre plein-air de Hammamet pour une soirée jazz pas comme les autres.

Après avoir donné un concert mémorable en 2010 au Palais Khaïreddine, dans le cadre du Festival de la Médina, Ibrahim Maalouf, neveu du célèbre écrivain Amin Maalouf, revient à la rencontre de ses fans tunisiens, encore plus nombreux et impatients de le retrouver.

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Une soirée jazz pas comme les autres

Une trompette unique au monde

Né sous les bombes, l’enfant de Beyrouth a réussi en l’espace de 10 ans à conquérir le monde. Avec des disques qui cartonnent, des collaborations avec des grandes stars comme Sting, Vanessa Paradis ou Grand Corps Malade, et des tournées aux quatre coins du monde, ce n’est pas un hasard si on le compare souvent à Miles Davis, notamment pour avoir choisi la trompette comme vecteur de création. Mais Ibrahim Maalouf reste à ce jour le seul musicien au monde à jouer de la musique orientale avec une trompette unique au monde, la seule à 4 pistons, inventé par son père.

Virtuose de la trompette et du piano, mais surtout authentique compositeur, Ibrahim Maalouf nous rappelle à la sortie de chaque album combien les frontières entre les styles sont insignifiantes. D’ailleurs on a beaucoup de mal à étiqueter ses compositions qui revendiquent la spontanéité et l’ouverture et qui parlent à tout le monde, fédérant ainsi un public pas seulement jazzophile mais très hétérogène, comme celui qui était présent, ce mardi, au théâtre de Hammamet.

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Le jazz se libère de ses anciens codes et s’ancre dans le présent en prenant une teinte orientale.

Le jazz en liberté

Avec Ibrahim Maalouf, le jazz se libère de ses anciens codes et s’ancre dans le présent en prenant une teinte orientale et en s’imprégnant de tout un tas de genres voisins, ce qui fait des puristes du jazz ses premiers détracteurs mais qui a, en même temps, alimenté la réussite de cet artiste singulier qui défend la cohabitation de la tradition et de la modernité en une seule œuvre, et qui comme un magicien, arrive à faire chanter et danser le public à l’unisson dans un concert exclusivement instrumental.

Pour son concert à Hammamet, Ibrahim Maalouf nous a concocté des titres de ses anciens albums comme ‘‘Ya Hala’’, extrait de ‘‘Diachronism’’ (2009), ‘‘True sorry’’ et ‘‘Nomad slang’’, extraits de ‘‘Illusions’’ (2013), mais la plus grande partie du concert était réservée à son dernier opus ‘‘Black and Red Lignt’’, sorti cette année.

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Complexe dans son écriture, simple dans son écoute.

A travers des morceaux comme ‘‘Essentielles’’, ‘‘Elephant’s tooth’’ ou ‘‘Black and red lignt’’, titre éponyme de l’album, l’évolution musicale de l’artiste s’est fait sentir avec des sonorités plus groove, électro, voire pop. Un album que l’artiste décrit comme «plus complexe dans son écriture et ses arrangements, mais plus simple dans son écoute».

Riche de sons autant que de sens, ‘‘Black and Red Lignt’’ c’est surtout un bel hommage qu’Ibrahim Maalouf rend aux femmes du monde et à celles de sa famille en particulier.

Transporté vers d’autres cieux, le public de Hammamet était ce soir là comblé par la générosité d’un artiste exceptionnel. L’émotion et la magie étaient au rendez-vous.

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