Sihem Bensedrine – Béji Caïd Essebsi: une mésentente peu cordiale.
Absent à l’ouverture des auditions publiques de l’Instance Vérité et Dignité (IVD), le président Caïd Essebsi dit avoir «son opinion sur cette institution».
Lors de l’interview accordée, mardi soir, à El-Hiwar Ettounsi, le président de la république Béji Caïd Essebsi a expliqué qu’il a préféré se contenter de regarder à la télévision la retransmission de cette ouverture, jeudi et vendredi derniers, des auditions publiques des premiers témoignages des victimes de la dictature sous les régimes de Bourguiba et de Ben Ali. Pour lui, il n’en fallait pas plus que cela.
D’ailleurs, a-t-il indiqué, il n’a fait que rendre à l’IVD la monnaie de sa pièce: «Cette Instance n’a pas donné de l’importance au président de la république. Elle considère qu’elle ne tombe sous le contrôle de personne, qu’elle ne doit rendre des comptes à personne. Rappelons, aussi, qu’elle n’est pas une institution constitutionnelle.»
La logique, selon le locataire du Palais de Carthage, est toute simple et toute claire: «L’IVD a été créée par la Constituante [sous la Troïka, la coalition gouvernementale conduite par le parti islamiste d’Ennahdha, ndlr] et c’est donc l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) qui a hérité de cette institution… Que le président du parlement ait, lui aussi, décidé de ne pas assister à cette séance d’ouverture des auditions publiques de l’IVD, c’est son affaire – cela ne me regarde pas.»
Revenant de nouveau à la charge, notre confrère Zied Krichène insiste que «les trois présidences [de la république, de l’ARP et du gouvernement, ndlr] ont été invitées et que les choses se sont passées comme s’il y a eu concertation entre ces trois présidences pour boycotter cette séance d’ouverture.» Pour BCE, «il n’y a pas eu de concertation. D’ailleurs, ajoute-t-il, oublions cette histoire ‘‘des trois présidences’’ [qui était la règle sous la Troïka, ndlr]. C’est de l’histoire ancienne. Des élections libres et indépendantes ont été tenues, et à présent nous pratiquons la démocratie. Le président de la république est une personne qui a été élue par le peuple» – à la différence de la présidence de la république provisoire qui, elle, était désignée…
Pour BCE, cette expérience de la justice transitionnelle est très importante, mais il y a beaucoup à redire sur la manière dont elle a été menée… et «il n’y a pas lieu de décrire cette ouverture des auditions publiques de l’IVD de ‘‘journée historique’’. Ce qualificatif d’historique ne s’applique pas à tout… Nous avons notre propre opinion sur la prestation de l’Instance.»
Comprenons, donc, que l’avis de M. Caïd Essebsi sur la démarche et la performance de l’IVD n’est pas favorable. Mais on aimerait en savoir plus sur les griefs du président de la république contre cette institution
Marwan Chahla
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