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Zohra Trabelsi et ses enfants souhaitent «mener une vie normale»

Zohra Trabelsi, épouse de Belhassen Trabelsi et ses enfants souhaitent que soient levées les sanctions qui leur ont été infligées par la justice canadienne.

Par Marwan Chahla

Lorsque Belhassen Trabelsi, le genre du dictateur déchu Ben Ali, son épouse Zohra et leurs quatre enfants ont fui la Tunisie, il y a six ans, pour s’installer au Canada, les autorités d’Ottawa ont, presqu’instantanément, pris la décision de geler leurs comptes bancaires, en vertu de la loi canadienne sur le gel des avoirs des dirigeants étrangers corrompus, une disposition selon laquelle le Canada «apporte son soutien aux pays en difficultés, en permettant au gouvernement canadien d’empêcher les étrangers présumés coupables d’accéder à leurs avoirs et de saisir les biens des individus recherchés», en attendant que la justice canadienne statue définitivement sur le cas de ces personnes étrangères soupçonnées…

Plus que 8 Tunisiens sur la liste des «corrompus »

En mai dernier, Belhassen Trabelsi a subitement disparu du Canada… Trois mois plus tard, en août 2016, son épouse et ses enfants ont officiellement obtenu le droit d’asile. A présent, ils souhaitent que la Tribunal fédéral canadien lève les sanctions qui leur sont infligées, depuis six ans.

«Les plaignants [Zohra Trabelsi et ses enfants, ndlr] ont obtenu le statut de réfugiés et souhaitent qu’ils puissent, de nouveau, pouvoir mener une vie normale», déclare cette demande de révision judiciaire déposée auprès de la Cour fédérale canadienne, le 30 décembre 2016.

L’existence de cette requête a été révélée, pour la première fois, vendredi 13 janvier 2017, par le quotidien montréalais ‘‘La Presse’’.

Dans cette correspondance, les membres de la famille de Belhassen Trabelsi expliquent qu’ils se trouvent, par exemple, dans l’incapacité d’ouvrir des comptes bancaires à leurs propres noms, qu’ils sont obligés de payer leurs loyers, leurs droits de scolarité et de régler d’autres factures en utilisant le compte d’une tierce personne (?), qu’ils ont également des difficultés à trouver du travail, qu’ils sont «déprimés» et que leur «détresse psychologique» est profonde.

Ils déclarent aussi qu’il s’agit là de leur troisième tentative auprès de la justice canadienne pour que leurs noms soient retirés de la liste «des responsables étrangers corrompus», et déplorent, dans cette requête, qu’ils aient attendu une réponse à leur plus récente requête déposée depuis le 18 avril 2016.

Selon le ‘‘Toronto Star’’ qui a relayé cette information, sur le total des 123 personnes de nationalité tunisienne dont les avoirs ont été initialement gelés par les autorités canadiennes, seuls 8 noms, y compris ceux de Belhassen Trabelsi et les cinq membres de sa famille, demeurent sur cette liste des «responsables étrangers corrompus».

En mars dernier, le gouvernement canadien a prolongé cette décision de gel des avoirs des responsables tunisiens suspects pour une période de cinq autres années, afin de permettre aux autorités tunisiennes de compléter leur dossier, c’est-à-dire «de prouver avec totale certitude la culpabilité des présumés coupables», selon la loi canadienne.

«Nos droits de réfugiés politiques sont violés»

La famille de Belhassen Trabelsi attire l’attention de la justice canadienne sur le fait que les circonstances de leur cas ont aujourd’hui changé de manière significative, puisque Belhassen Trabelsi a mystérieusement disparu du domicile familial montréalais, le 16 mai, 2016 – à savoir, deux semaines avant son expulsion du territoire canadien par l’Agence des services frontaliers du Canada.

Lors d’une audience, en mai 2016, le Tribunal fédéral canadien a appris cette «disparition» mystérieuse de Belhassen Trabelsi.

Avant de quitter sa famille, Belhassen Trabelsi aurait confié à sa femme et ses enfants que s’il était remis aux autorités tunisiennes, «il finirait le restant de ses jours en prison. C’est ainsi qu’un jour il est parti et n’a plus donné de ses nouvelles. Il était très déprimé», raconte Zohra Trabelsi, dans sa lettre au Tribunal fédéral canadien.
Huit mois plus tard, Belhassen Trabelsi est réapparu à la télévision tunisienne, appelant par téléphone d’un lieu inconnu, niant tous les faits de corruption dont il est accusé par la justice tunisienne et, profitant de cette intervention, pour dire à sa femme et ses enfants combien il les aimait et qu’il lui manquait…

L’autre changement d’importance dans cette affaire, c’est que Zohra et ses enfants ont obtenu le statut d’exilés politiques, en août 2016. C’est ce qu’explique leur demande de révision de jugement: «nos droits au respect de notre vie privée, à la liberté et à la sécurité, que garantit la Charte canadienne, sont violés quotidiennement.»

Zohra Trabelsi et ses enfants plaident encore, dans cette correspondance, que, «bien qu’il n’y ait pas de précédent et si l’on en juge par le fait que nous attendons, depuis près de cinq mois, une réponse à nos requêtes précédentes, le retard actuel pris le Tribunal fédéral de réviser son jugement sur notre cas n’est plus raisonnable.»

Les membres de la Global Affairs Canada (Affaires internationales-Canada), l’instance fédérale canadienne qui décide du gel des biens de responsables étrangers soupçonnés de corruption dans leurs pays, n’ont toujours pas répondu à cette demande de révision de jugement déposée par Zohra Trabelsi et ses enfants.

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