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Architecture : Des étudiants de l’UTC réalisent un «Mémorial de la Révolution»

Le «Mémorial de la Révolution» baptisé «The Flight of Voices», imaginé par un groupe d’étudiants de l’UTC, pourrait être installé au centre-ville de Tunis.

Par Zohra Abid

Si «The Flight Of Voices» est installé au centre-ville de Tunis, il permettrait aux citoyens de revivre, au cours de leur promenade, les ambiances ayant régné, dans ce même lieu, le 14 janvier 2011, lorsqu’ils se sont rassemblés pour lancer un tonitruant «Dégage» à l’ancien président Ben Ali.

Immortaliser le 14-Janvier

C’est ce qu’a déclaré à Kapitalis Sonia Ben Yahya, étudiante en 4e année architecture à l’Université privée Tunis Carthage (UTC), lors de la présentation du projet, avant-hier, lundi 16 janvier 2017, à la Galerie de l’Information, à Tunis, en marge de la célébration du 6e anniversaire de la révolution.

Sonia Ben Yahya et ses camarades Mohamed Béchir Chafra, Zeineb Smaoui et Mohamed Dardouri, ont travaillé sur une idée proposée par le professeur Travis Price, spécialiste dans l’édification de mémoriaux à travers le monde et lauréat de plusieurs prix internationaux avec ses étudiants en architecture de l’Université catholique d’Amérique, à Washington DC (Etats-Unis).

Sonia Ben Yahya.

«Nous étions 56 étudiants de la 4e et 5e architecture inscrits à ce concours. Nous avons tous travaillé sur l’idée de ce projet inspiré du design contemporain et qui immortalise une page importante de l’histoire nationale», a expliqué l’étudiante en posant, toute souriante, à côté de la maquette.

Selon Travis Price, qui a accompagné les étudiants, une semaine durant, dans des ateliers intensifs de 8 à 10 heures par jour, tous les travaux proposés sont impressionnants. «Nous étions là pour corriger ces jeunes et orienter leur inspiration. Ils m’ont impressionné par leurs créativité, sensibilité et imaginaire. Tous les projets ont du mérite», dit-il.

«The Flight of Voices» est un mémorial de 50 mètres de long et 6 mètres de large, monté sur des modules triangulaires dans l’espace. «Nous nous sommes inspirés des lieux. Pour ce, nous avons choisi l’acier comme matériau pour travailler sur le mouvement ascendant. Nous avons imaginé un mouvement qui représente l’union du peuple», explique Sonia Ben Yahya. Elle ajoute: «Les extrémités de cette installation, qui sera vissée sur du marbre blanc, sortiront d’une sorte de puits sombre et rouillé. Ce qui nous renvoie aux années de l’oppression. Ces formes se libèrent ensuite avec légèreté comme le vol de colombes à l’ouverture de leur cage, tout en mouvements légers, qui rappellent les premières voix chatoyantes après un très long silence».

La lumière en signe de liberté

Tous les projets sont magnifiques, mais il a bien fallu au final trancher, a indiqué un membre du jury, en ajoutant que les 4 étudiants gagnants ont beaucoup travaillé sur la lumière. «Le reflet du soleil donne l’impression qu’une nouvelle page de l’histoire de la Tunisie est en train de s’écrire dans un ciel dégagé. Les étudiants ont su dompter l’acier pour exprimer les voix de l’espoir. « The Flight Of Voices » mérite d’avoir sa place dans l’avenue de tous les symboles», ajoute-t-il, par allusion à l’Avenue Habib Bourguiba, à Tunis.

Maquette du «Mémorial de la Révolution».

Pour cela, il faut que ce projet ait l’accord des autorités. A cet égard, la présence de la ministre de la Jeunesse et du Sport, Majdoline Cherni, qui était accompagnée de la secrétaire d’Etat à la Jeunesse Faten Kallel, pourrait sans doute y aider, d’autant que les deux responsables étaient visiblement émerveillées par le travail d’orfèvres des étudiants.

Sonia Ben Yahya, ses camarades et les responsables de l’UTC sont en droit d’attendre un coup de pouce, d’autant que le mémorial a tous les atouts pour plaire et aider à embellir utilement le centre-ville de la capitale.

L’hymne national vu autrement

«Nous avons travaillé sur l’hymne national. On a pris les ondes sonores et fait une composition formelle ainsi qu’une modélisation en 3D. Pour notre projet, nous avons utilisé 3 différents matériaux: de l’acier perforé pour la cage criblée. Ici nous avons pensé aux tirs de cartouches lors de la révolution. Puis le verre brisé où le citoyen ne se reconnait pas vraiment. Ensuite, le verre dichroïque qui exprime la joie, l’espoir, l’amour, l’union», explique, de son côté, Neyrouz Ben Ghorbel, étudiante en 5e architecture dont l’équipe a reçu le 3e prix.

Le président de l’UTC, Khaldoun Ben Taarit, a déclaré, de son côté «Notre idée est d’installer un mémorial sur le terre-plein central de l’Avenue Bourguiba, juste en face du Théâtre municipal, et en faire une référence architecturale à très forte symbolique au coeur de la capitale». L’accord des autorités nationales et de la ville serait d’autant plus bienvenu qu’en cas de réponse favorable, la réalisation du projet sera totalement financée par l’UTC, assure-t-il.

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