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Commission d’enquête sur le jihad : Abdelkrim Abidi auditionné vendredi

Abdelkrim Abidi sera auditionné par la commission parlementaire d’enquête sur les réseaux d’envoi des jeunes vers les zones de conflit.

Cette audition aura lieu après-demain, vendredi 22 décembre 2017. Elle a été décidée à l’initiative de cet ancien cadre du ministère de l’Intérieur, qui avait envoyé une correspondance, en novembre dernier, au bureau de l’Assemblée pour demander d’être auditionné sur l’envoi des jeunes tunisiens au jihad.

L’ancien cadre sécuritaire est accusé d’avoir dirigé, en 2012 et 2013, une police parallèle au service du parti islamiste Ennahdha et d’avoir contribué, lorsqu’il avait la responsabilité de la sécurité de l’aéroport de Tunis-Carthage, à l’envoi des Tunisiens au jihad, accusation qu’il a toujours réfutée.

Abdelkrim Abidi a aussi été accusé par plusieurs parties d’avoir soutenu les groupes terroristes tunisiens et d’avoir été en lien, notamment, avec le terroriste franco-tunisien Boubaker El Hakim, complice dans l’assassinat du député  de gauche Mohamed Brahmi, le 25 juillet 2013.

Il a d’ailleurs fait l’objet d’un mandat de dépôt, en janvier 2015, dans cette même affaire, pour avoir facilité le déplacement d’éléments liés à l’assassinat. Avant d’être libéré, 3 mois plus tard, par la cour d’appel de Tunis, jugeant que sa détention légale était arrivée à terme. Il est cependant resté à la disposition de la justice, pour les besoins de l’enquête… enquête dont on n’a plus jamais entendu parler.

Kapitalis a appris, que la Commission entendra également le colonel major Hichem Meddeb, ancien responsable du bureau des relations avec le citoyen au ministère de l’Intérieur, du 2 juillet 2011 au 23 février 2012, qui aurait, selon le syndicaliste sécuritaire Issam Dardouri, adressé plusieurs rapports à ses supérieurs, notamment une liste de 117 terroristes, rentrés en Tunisie à bord d’un vol privé provenant de Turquie. Cela serait tombé dans des oreilles sourdes, le ministère de l’Intérieur étant dirigé à l’époque par l’islamiste Ali Larayedh.

Selon la même source, les rapports de Hichem Meddeb lui auraient valu des pressions de la part de ses chefs hiérarchiques. Il aurait même déposé une plainte auprès de la justice, qui resta sans suite.

Reste à se demander les raisons qui ont poussé Abdelkarim Abidi a sortir du bois, après s’être fait longtemps oublier. Si on peut avoir des doutes sur sa volonté de faire des révélations pouvant aider la justice à éclairer les zones d’ombres dans les affaires terroristes en cours (il faut être vraiment naïf pour le penser), on peut, plus sérieusement penser, qu’il cherche à orienter les investigations vers de fausses pistes ou, peut-être aussi, à provoquer des écrans de fumée pour brouiller les traces, à commencer par les siennes propres.

On peut aussi estimer que sa sortie a été décidée ou conseillée par ses mentors islamistes d’Ennahdha pour des desseins obscurs, sachant que ces derniers, malgré toutes leurs dénégations, restent au coeur de l’enquête sur la montée de l’extrémisme religieux et du terrorisme en Tunisie entre 2012-2014.

Yüsra Nemlaghi

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