Erdogan réélu, les prisons turques vont continuer à se remplir.
Recep Tayyip Erdogan, qui s’est fait réélire président, au terme d’un scrutin douteux et contesté, va enfin réaliser son rêve de calife ottoman et d’émir des musulmans, n’en déplaise à ses adversaires, qui n’ont à bien se tenir pour éviter la prison ou la mort.
Par Rachid Barnat
Déjà la plus grande mosquée d’Istanbul à sa gloire est en phase d’achèvement, à l’instar de celles érigées à la gloire des sultans qui l’ont précédé.
Il est élu président. Il a la majorité au parlement. Il a obtenu tout ce qu’il voulait.
Il peut s’installer Sultan dans la continuité de ceux de l’Empire Ottoman : c’était son rêve, il va pouvoir le réaliser.
La stratégie des étapes
Sa stratégie est payante : il s’est donné tous les pouvoirs grâce aux règles démocratiques sur lesquelles il va pouvoir s’asseoir; puisqu’il a toujours dit qu’il en fera un usage unique et qu’il jettera une fois installé sur le trône !!
Devant la crise économique qui s’installe en Turquie, il a avancé les élections pour ne pas pâtir de l’impopularité de son échec économique.
Plus habile encore, il a joué sur la fibre nationaliste des Turcs en présentant leur pays comme menacé par tous ses ennemis… dont l’Europe, qui l’avait pourtant soutenu jusqu’à vanter son islamisme modéré !
Il a su également profiter de l’opposition nombreuse et dispersée tout en lui interdisant l’accès aux médias s’il n’emprisonnait pas ses chefs.
Last but not least, il a poussé la supercherie jusqu’à jouer de la mémoire collective des Turcs et de leur vénération du père fondateur de la Turquie moderne et laïque : Mustapha Kamel Atatürk dont il s’est accaparé l’image et l’œuvre, pour amadouer ceux qui le rejettent.
Le wahhabisme qui fonde l’islam politique de l’organisation des Frères musulmans et qui a servi à la dislocation de l’Empire Ottoman http://latroisiemerepubliquetunisienne.blogspot.com/2013/02/le-wahhabisme-au-service-du-colonialisme.html, Erdogan s’en sert désormais pour reconquérir le monde musulman que dominaient les Ottomans, dont l’Arabie de laquelle les Ibn Saoud les avaient chassés en s’appuyant sur cette doctrine, pour contrôler les lieux saints de l’islam : Mecque et Médine.
Quelle sera la prochaine étape pour Erdogan : Calife ou des « Émir el mou’minin » (Commandeur des croyants) ?, titre suprême que s’étaient accordé en leur temps les Ottomans, et tant convoité par les Ibn Saoud? L’émir du Qatar, ce frère ennemi des Ibn Saoud, et qui a tout misé sur les Frères musulmans, n’en sera que plus ravi que ce titre leur soit ravi ! Un pied de nez pour l’Histoire s’il y parvenait !
L’obscurantisme islamique voué à un bel avenir
L’Union européenne (UE) va-t-elle poursuivre sa politique de soutien aux Frères musulmans ? Rééditera-t-elle la même erreur en Tunisie ? Car si Erdogan la tient par la barbichette avec la menace d’ouvrir les vannes des flux migratoires stationnés en Turquie, Ghannouchi président du mouvement Ennahdha et chef des islamistes tunisiens, lui, la tient par le terrorisme, dont il a fait la Tunisie le premier pays exportateur.
À moins qu’en dépit des apparences, l’UE ne veuille pas d’un monde «musulman», laïque et démocratique.
L’obscurantisme que répandent les islamistes parmi les peuples «arabes», étant plus propice aux «affaires» en tous genres.
PS : Les Tunisiens et l’opposition tunisienne en tireront-ils des leçons? Rien n’est moins sûr vu l’égo des hommes politiques tunisiens, faiblesse dont se joue Ghannouchi.
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