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Le terrorisme jihadiste est le bras armé de l’islam politique

Mosquée Al-Fath à Tunis, à Tunis, qui deviendra le fief des futurs islamistes jihadistes.

Le terrorisme jihadiste n’est que la face violente ou l’excroissance naturelle de l’islamisme politique, qui fait son lit, lentement et pernicieusement, dans toutes les sociétés islamiques où l’éducation est en crise et où la jeunesse est laissée pour compte. Exemple d la Tunisie…

Par Rachid Barnat

Quand on étudie le profil des jihadistes, on se rend compte que ce profil est très varié.

De plus en plus nombreux sont les jeunes gens qui ont connu l’échec scolaire, les dérives liées à la drogue et à la délinquance quand il n’y pas au fond d’eux-mêmes des problèmes existentiels, psychologiques, voire psychiatriques. Dans leurs dérives, leur mal-être et leur ignorance absolue, ils rencontrent des adeptes de l’islamisme radical qui sillonnent les quartiers difficiles pour repérer ces proies faciles en vue de leur endoctrinement au wahhabisme, d’autant qu’ils leur tiennent des discours «réconfortants» les déculpabilisant de tout, imputant tous leurs malheurs aux mécréants qu’ils soient chrétiens ou «mauvais» musulmans parce qu’ils refusent la conversion au wahhabisme!

Le terrorisme islamiste de Ben laden à Zarkaoui

Ces recruteurs/prédicateurs vont bâtir sur la ruine intellectuelle et morale de ces jeunes à qui ils vont donner une raison de vivre et de se battre en leur faisant miroiter tout ce qui les attend là haut s’ils acceptaient de sacrifier à Allah leur vie terrestre, tout en leur proposant pour les appâter du «concret» : des «voyages» en pays de «guerres», salaires mirobolants, voitures, femmes, esclaves… selon leurs «compétences», s’ils acceptaient de rejoindre l’organisation terroriste de l’Etat islamique (Daech) !

Si à l’origine du réseau terroriste Al-Qaïda, il y avait Oussama Ben Laden, ce fils de bonne famille, issu de la grande bourgeoisie, au wahhabisme «saoudien», avait un but celui de combattre les communistes envahisseurs de l’Afghanistan et leurs collaborateurs musulmans; et des «principes», comme celui de refuser la médiatisation de la violence. Son successeur Abou Moussab Al-Zarkaoui, issu de milieu très modeste au wahhabisme primitif, celui-là même qui a permis aux Ibn Saoud de dominer toutes les tribus d’Arabie, lui n’avait pas de tels «scrupules». Sans foi ni loi, il veut razzier et tuer tous ceux qui n’adhérent pas au wahhabisme et cherche par la médiatisation à outrance de la barbarie à terroriser davantage les populations qu’il veut intégrer dans son émirat pour les racketter ! Et depuis, les jihadistes de par le monde, le prennent pour modèle, délaissant Ben Laden jugé un peu «timoré» face aux ennemis de l’islam. Ils adoptent le terrorisme extrémiste d’Al-Zarkaoui où leur mort doit produire de la mort en grand nombre chez les mécréants !

De tels jeunes constituent le gros du bataillon des chairs à canons qui partent au jihad la fleur au fusil dans l’espoir d’une vie meilleure là haut pour retrouver les 72 houris promises, éternellement vierges pour les servir ainsi que les rivières de miel et de vin… dont les appâtent les prédicateurs/recruteurs.

Mais à côté de ces jeunes égarés, on trouve aussi, et c’est beaucoup plus étonnant et non moins inquiétant, des jeunes insérés, issus de familles qui les ont choyés et pour lesquels souvent elles se sont sacrifiées pour leur assurer des études prestigieuses.

Une idéologie mortifère, criminelle et sans issue pour ses partisans

Ils se recrutent souvent parmi des diplômés scientifiques ou techniques, tels que techniciens supérieurs, informaticiens, ingénieurs, médecins… parfois bardés de diplômes et qui ne connaissent pas le chômage.

La question qui se pose est, comment des gens formés intellectuellement peuvent-ils se fourvoyer à ce point et adopter une idéologie mortifère, criminelle et sans issue réelle?

Le monde entier découvrait avec effroi que les exécutants des attentats du 11 septembre 2001 avaient le profil d’étudiants, issus de familles de la moyenne et de la grande bourgeoisie, au cursus universitaire à faire des envieux.

Ma thèse est qu’il a manqué à ces jeunes, au moment de leur formation, l’approche de ce que j’appellerai la culture générale, la connaissance du monde qui nous entoure, de l’Histoire (au moins dans ces grandes lignes), de la géopolitique et donc de l’histoire des idéologies qui ont bouleversé le monde au cours de l’histoire pour ensuite disparaître.

Cette partie de la formation répondrait, dans le fond, à la fameuse sentence de Rabelais: «Science sans conscience, n’est que ruine de l’âme»; et c’est en cela qu’elle est nécessaire et qu’elle devrait exister dans tous les cursus de formation. Elle ne serait pas l’objet d’un enseignement complet sanctionné par des examens mais serait au moins un cours à suivre tout au long du cursus scolaire et universitaire par quelques heures de conférence placées tout au long de l’année et confiées à des spécialistes divers : historiens, philosophes, écrivains, journalistes…

Dans sa politique d’éducation nationale, Bourguiba, clairvoyant, avait prévu le bilinguisme pour enrichir les Tunisiens d’une double culture à la fois arabe mais aussi française; et l’instruction civique et religieuse, deux matières supplémentaires au programme général pour que les élèves aient un minimum de culture religieuse axée plus exactement sur l’histoire de l’islam et les différentes obédiences qui le composent d’une part; et d’autre part, de leur donner quelques notions sur le fonctionnement de la République et celui des institutions internationales; pour former ainsi des citoyens responsables, au fait de leur passé mais aussi de leur présent et de la géopolitique qui le régit.

Des jeunes de plus en plus diplômés et de moins e moins cultivés

Malheureusement des ministres mal intentionnés ou cédant à la pression des pan-arabistes et des pan-islamistes, vont chambouler les programmes de l’éducation nationale pour accorder plus d’importance à la langue arabe et à l’arabisation tout azimut; en accordant plus de place à la religion et non à son histoire…

Sous Ben Ali, le système mis en place par Bourguiba et qui a produit une élite dans tous les domaines, reconnue à l’internationale, va être mis à mal par ce « Bac moins 3 », comme disent les Tunisiens, produisant de plus en plus de diplômés moins bien formés à la culture générale faible sinon inexistante, ignorant tout de leur religion, les rendant plus perméables aux endoctrinements dont celui du wahhabisme qui a pénétré jusqu’aux universités pour y faire des ravages parmi des jeunes en quête d’identité; puisqu’on ne leur a pas enseignés dans leur cursus scolaire de quoi elle était faite !

La nature ayant horreur du vide, les Frères musulmans vont vite l’occuper pour diffuser le wahhabisme qui fonde leur action politique.

Pourtant c’est grâce à l’instruction civique et religieuse, que j’ai pu comprendre l’islam et les différentes obédiences qui le composent. C’est ainsi que j’ai appris les outils dont se servaient les chefs de files de ses écoles de la pensées islamique dont certains faisaient appel à la philosophie et à sa dialectique pour adapter l’islam à leurs époques; alors que d’autres plus incultes s’en tenaient à une lecture littéraliste des textes «religieux»… jusqu’à s’en tenir au mot à mot, ignorant leur contexte !
Ainsi on nous avait appris que l’islam de la Tunisie était sunnite et que le chiisme que le pays a un moment connu fut rejeté par les tribus berbères. De même que j’ai appris que le malékisme est l’obédience dominante dans toute l’Afrique du Nord avec pour centre de son rayonnement jusqu’en Andalousie, la fameuse Zitouna, cette auguste université théologique, chère au cœur des tunisiens.

Comme j’ai appris que le soufisme, qui a complété de façonner l’identité des tunisiens, est arrivé en Tunisie avec les Ottomans https://latroisiemerepubliquetunisienne.blogspot.com/2017/10/chiens-chats-chez-les-musulmans_62.html. Toutes ces obédiences ayant contribué au pacifisme légendaire des Tunisiens pour en faire un peuple hospitalier, tolérant et ouvert au monde. Dans ces cours, j’ai découvert aussi les autres obédiences. Si le mutazilisme m’avait séduit et l’anarchisme de l’ibadisme aussi.
J’ai cependant très vite compris le danger du hanbalisme et de l’horreur dont il enfantera le wahhabisme, cette «nouvelle» obédience apparue au milieu du 18 siècle et dont nombreux souverains se méfiaient déjà, la jugeant trop dangereuse pour leurs peuples !

L’islamisme a fait le lit du terrorisme en Tunisie et ailleurs

Ce qui m’a permis de m’alarmer dès 1989 de l’islamisation rampante mais discrète de la société tunisienne. J’ai le souvenir vivace d’une cérémonie «religieuse», sorte de crémaillère, pour apporter la baraka à une parente commerçante. Habituellement, les Tunisiens organisent à cet effet, une «soulamyia» lors de laquelle les chanteurs invoquent le patron de leur «zaouia» pour intercéder auprès d’Allah et de son prophète pour leur accorder santé et prospérité. Des chants passés dans la culture et le folklore tunisien, très prisés par les Tunisiens. Sauf que ce jour-là, la troupe «artistique» venait diffuser des messages «politiques» emmêlés aux chants habituels de soulamyia, faisant la morale aux femmes qui doivent s’autocensurer pour ne pas heurter Allah et ses hommes…

Quand j’ai protesté auprès de la commerçante de transformer sa crémaillère en tribune politique wahhabite, sa réponse m’a étonnée: «Ils ne me coûtent rien. Ils font cela bénévolement!»… et pour cause, lui dis-je.

Et depuis la fumeuse «révolution», les associations caritatives se sont multipliées et font ouvertement le prosélytisme pour le wahhabisme. Ainsi leurs membres se rendent «utiles» auprès des gens les plus démunis d’abord mais aussi d’autres cooptés par ouï-dire pour la gratuité du service, pour assurer bénévolement toutes les cérémonies «religieuses»: circoncision, fiançailles, mariage, naissance, décès… lors desquelles ils font des séances de «ta’aouidh» (prédication) pour corriger des pratiques «religieuses» ancestrales jugées «bid’âa» (innovation hérétique) pour les conformer aux pratiques du VRAI islam, c’est-à-dire le wahhabisme !

Renseignement pris, les jeunes qui adhérent à ces associations «caritatives» et qui «officient bénévolement» pour elles, sont souvent des étudiants en faculté des sciences et autres écoles d’ingénieurs !

Et voilà comment le wahhabisme s’est petit-à-petit immiscé dans les esprits par des actions caritatives d’associations «politiques» mises en place par les Frères musulmans et financées par le Qatar; jusqu’à produire des terroristes en série, ces enfants de Ghannouchi qu’Ennahdha envoie «aider» les pétromonarques dans leurs guerres contre tous les régimes républicains « arabes » !

Blog de l’auteur. 

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