Lettre ouverte à monsieur Youssef Chahed, chef du gouvernement, de la part du Groupement professionnel de dialyse, relevant de la Conect : les centres d’hémodialyse sont victimes de l’inflation et du glissement du dinar avec le risque d’impact sur la santé des malades.
Monsieur
Plus de 10.000 patients en Tunisie sont traités par hémodialyse dont près de 75% dans des centres privés ou ils sont complètement pris en charge par la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam).
Une étude médico-économique effectuée en 2013 par des experts du ministère de la Santé, du ministère des Affaires sociales et de la Cnam avait conclu que le prix de revient était en moyenne supérieur au tarif de remboursement qui était figé à 87 dinars par séance depuis 38 ans.
Par ailleurs, une note du ministre des Finances datée du 16 novembre 2015 avait affirmé que la marge bénéficiaire des centres de dialyse était inférieure à 6%. Il s’en était suivi une convention entre la Cnam et les centres d’hémodialyse instituant une augmentation du tarif de remboursement de 5 dinars par année pendant 3 ans à partir de janvier 2016. Ceci avait permis une bouffée d’oxygène permettant de corriger les déficits et par conséquent la survie de ces centres.
Mais deux phénomènes économiques et financiers ont eu, ces derniers temps, un impact négatif supplémentaire : une accélération de l’inflation qui se situe entre 7 et 8% par an et un glissement rapide et continu du dinar qui a atteint 45% alors que les principaux intrants sont importés en devises.
Ces 2 éléments conjugués ont entraînés l’augmentation des principaux composants allant de 18% à 72%, en plus des augmentations du coût des examens de laboratoire, l’eau, l’électricité, le transport, les salaires, etc…
Au total ces augmentations ont entraîné, en 3 ans, une majoration du coût de plus de 15 dinars par séance, ce qui a plus qu’érodé le bénéfice prévu par la convention avec la Cnam. Une étude chiffrée détaillée est à la disposition des départements concernés.
Il est à noter que le tarif de remboursement qui est actuellement de 104 dinars équivaut à 31,5 euros alors qu’il est dans les pays voisins comme l’Algérie et le Maroc de l’ordre de 90 euros, soit près de 3 fois plus que la Tunisie, en France et en Europe de plus de 450 euros.
Pour survivre les centres ont essayé de comprimer les dépenses tout en continuant à assurer une dialyse de la meilleure qualité possible. Mais peut assurer longtemps cette équation impossible?
Ainsi nous sollicitons votre intervention urgente pour faire revaloriser le tarif de remboursement afin de le rendre compatible avec une gestion saine et par conséquent le maintien d’une bonne qualité des soins.
Dans l’attente de votre intervention, veuillez, monsieur, agréer l’expression de nos salutations les plus respectueuses.
Le bureau du Groupement professionnel de dialyse de Conect.
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