Alors que tous les regards en Tunisie sont, ces jours-ci, tournés vers l’élection présidentielle anticipée, il y a, à une échelle différente, un autre rendez-vous non moins important pour plusieurs familles tunisiennes : celles qui s’apprêtent à faire face à la rentrée scolaire.
Par Cherif Ben Younès
Un événement annuel qui peut poser des soucis considérables sur le plan financier. En effet, la gratuité de l’enseignement en Tunisie ne signifie pas pour autant que les poches des parents ayant un ou plusieurs enfants à l’école sont épargnées. Loin de là. Surtout dans le contexte économique difficile que vit actuellement le pays.
Certains enfants payent une addition qui ne les concerne pas
La situation est quasiment ingérable pour les familles les plus démunies, et en particulier celles de certaines régions internes, dont plusieurs ne souffrent pas seulement de la pauvreté, mais aussi d’une conscience assez modeste, qui les incite à une prolifération généreuse et ne tenant pas compte de leur situation financière.
Et ce sont bien sûr les enfants qui en payent le prix, puisque sans avoir rien demandé à personne, il se retrouvent condamnés à supporter la misère et des conditions de vie extrêmement pénibles. En particulier sur le plan scolaire, où même le fait de se déplacer pour aller à l’école ou de se munir d’une fourniture scolaire digne de ce nom ne leur est souvent pas possible.
L’objectif de cet article n’est pas de présenter des solutions politiques (comme la régulation des naissances) ou philosophiques (antinatalistes), visant à s’attaquer aux racines du problème. Il serait néanmoins intéressant que cela fasse l’objet d’autres articles. Mais en l’occurrence, on s’intéressera aux mesures à court terme, en rapport avec le sujet, c’est-à-dire aux solutions immédiates pour ces enfants qui s’apprêtent à revenir à l’école dans quelques jours.
«Magic rentrée» pour les élèves de l’école primaire de Bayadha
Le plus regrettable est que la société tunisienne, tout comme le gouvernement, semble avoir définitivement normalisé avec la situation : le fait qu’il y ait des enfants dans le besoin, au point que leur scolarité soit sérieusement menacée est malheureusement devenu banal et acceptable.
Heureusement que la société civile arrive, plus ou moins, à sauver la donne. Bien que les efforts associatives allant dans ce sens sont, à notre sens, en deça des attents.
Parmi les institutions associatives militant pour cette cause, il y en a une qui se distingue particulièrement, à savoir l’association «Un enfant, des sourires», qui a entrepris depuis plusieurs semaines, un ensemble d’activités visant à faciliter la rentrée scolaire aux enfants nécessiteux.
Celles-ci entrent dans le cadre d’une action globale, annuelle, baptisée «Magic rentrée», et qui en est à sa 9è édition. Cette année, l’association projette de venir en aide aux 190 élèves de l’école primaire de Bayadha, qui se trouve dans une région frontalière (tuniso-algérienne) et isolée, à la délégation de Ghardimaou, au gouvernorat de Jendouba.
«L’association compte prendre en charge la rentrée des classes des élèves et fournir à chacun d’eux un cartable, un tablier, les livres scolaires et toute la fourniture dont ils ont besoin», nous a confié Inès Rajhi, présidente de l’association.
«Il s’agit d’un défi contre le froid, la distance, l’accès difficile, mais aussi contre la menace quotidienne du terrorisme. Bayadha éant une région très isolée, où les conditions de vie sont extrêmement difficiles et qui est malheureusement toujours sous la menace du terrorisme», a expliqué Mme Rajhi.
Des travaux de réaménagement lancés dès décembre 2018
Disposant d’une infrastructure délabrée, d’un emplacement d’accès difficile, cette école fait l’objet de travaux de réaménagement lancés depuis le mois de décembre 2018, dans le cadre d’un projet qui consiste en la rénovation des classes existantes et des toitures, la construction de deux nouvelles salles, la construction du mur d’enceinte et de l’entrée de l’école, la création d’une cantine et d’une bibliothèque scolaire, l’aménagement des allées et de la cour et l’aménagement du bloc sanitaire.
Lors des années précédentes, ce sont les écoles de Ouled Dhifallah, Machrawa, Zouitina et Tabouba, entre autres, qui avaient bénéficié de l’intérêt et de l’aide de l’association.
Interrogée sur la réceptivité des gens envers les demandes de dons pour l’association, Mme Rajhi assure que ces derniers font plutôt preuve de générosité et répondent, souvent, présents, lorsqu’il s’agit d’apporter de l’aide à des enfants.
Concernant le financement de l’association, il est principalement assuré par des partenariats avec des entreprises privées, telles que Orange, UBCI, Poulina, Bic, Talan et Sofreceom.
Vu l’état exécrable de l’école de Bayadha et de tant d’autres, principalement situées dans les régions rurales et lointaines, on est en droit d’espérer que le gouvernement tunisien participe, de son côté, (beaucoup) plus activement à rendre meilleure la qualité de vie et de scolarité des enfants qui y résident.
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