Abdelkarim Zbidi, ministre de la Défense, s’est dit «surpris de son limogeage» en accusant le chef du gouvernement Youssef Chahed d’être derrière cette décision. «J’ai rencontré ce midi, le président de la république, Kaïs Saïed, et il a refusé ma démission. Une heure plus tard et après qu’il ait discuté avec M. Chahed, il m’a appelé pour m’annoncer mon limogeage», a-t-il déploré.
Le ministre de la Défense, limogé aujourd’hui, mardi 29 octobre 2019, a indiqué dans une déclaration, cet après-midi, à Mosaïque FM, qu’il ne s’explique pas cette décision et ce changement à 180° du chef de l’Etat : «J’ai rencontré le président de la république et la rencontre était très positive d’autant que notre relation est particulière, sur le plan personnel, amical et familial», a-t-il dit, en rappelant qu’ils se sont côtoyés, durant 5 ans, à la faculté de Sousse.
Abdelkarim Zbidi a assuré avoir rencontré Kaïs Saïed de 11h30 à 12h30, qu’ils ont évoqué plusieurs sujets : «Il m’a notamment demandé d’essayer de rapprocher nos points de vue avec le chef du gouvernement et j’ai accepté et calmer l’ambiance pour le restant de notre mandat. J’ai aussi, à nouveau, évoqué le sujet de ma démission, mais il l’a refusée, en expliquant que cette période est particulière, et en me demandant de continuer ce bout de chemin ensemble. Je ne comprend pas qu’il m’appelle une heure après pour me dire que l’on a décidé un remaniement du gouvernement et que je suis concerné. C’est grave qu’un chef d’Etat puisse en une heure de temps prendre deux décisions contradictoires», a-t-il encore déploré.
M. Zbidi a ajouté qu’après sa rencontre avec Kaïs Saïed, il a appelé au téléphone le chef de cabinet de Youssef Chahed et l’a informé de la teneur de la discussion : «C’est après que M. Saïed a changé d’avis», a-t-il assuré, en estimant que cette décision s’inscrit dans le cadre d’un règlement de compte. «Youssef Chahed est à 5000% derrière cette décision», a-t-il insisté.
Revenant sur ses absences lors des 4 derniers conseils ministériels, Abdelkarim Zbidi a assuré avoir, à chaque fois, informé le chef du gouvernement, en expliquant qu’il avait des missions sur terrain. «J’ai toujours informé le chef du gouvernement et son chef du cabinet et pour le dernier conseil, c’est M. Chahed qui ne m’a pas invité», a-t-il dit.
Pour M. Zbidi, ce limogeage est une bénédiction, parce qu’il est temps qu’il se consacre à autre chose : «Sur le plan personnel, je les remercie d’avoir pris cette décision, moi qui ai voulu démissionner plusieurs fois, déjà, la première fois, en mars dernier, mais le regretté président Caïd Essebsi m’avait alors retenu. Je vais profiter paisiblement des jours qu’il me reste à vivre, car cette période a été rude, on s’est attaqué à moi et ce qui m’a fait mal et que je ne pardonnerai jamais, ce sont les attaques contre mon défunt fils, mort il y a 18 ans dans un accident de voiture», a encore déploré le ministre sortant, en ajoutant que sur le plan officiel, cette décision est aussi surprenante qu’inquiétante : «Encore une fois, je pense que ce n’est pas normal qu’un président de la république puisse prendre des décisions contradictoires, qui plus est, en si peu de temps».
Rappelons que la présidence du gouvernement a annoncé, en début de cet après-midi, le limogeage de M. Zbidi et celui de Khemaies Jhinaoui, ministre des Affaires étrangères.
Après le communiqué de la Kasbah, une lettre de démission adressée au chef du gouvernement et signée par M. Jhinaoui a circulé sur les réseaux sociaux. Le ministre aurait, dit-on, présenté sa démission avant d’apprendre son limogeage…
Y. N.
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