À quoi joue la télévision publique tunisienne, surtout la chaîne Watania 1, son émission politique ‘‘Tounes hadha al-massa’’ (La Tunisie ce soir) et son animateur Chaker Ben Cheikh? Jeudi soir, 11 mars 2021, cette émission diffusée à une heure de grande écoute a invité pour débattre du dossier explosif des réseaux d’envoi des jeunes au djihad en Syrie les sulfureux Hichem Meddeb et Samir Ben Amor, deux crypto-islamistes notoires adeptes des thèses farfelues, des théories du complot et des grossières désinformations.
Par Imed Bahri
Hichem Meddeb, ancien porte-parole du ministère de l’Intérieur aujourd’hui chroniqueur de la chaîne islamiste diffusant illégalement Zitouna TV, conseiller de Radwan Masmoudi dans son ONG douteuse, Centre pour l’étude de l’islam et de la démocratie, et expert en mensonges et en diffamations, s’est fait connaître par ses nombreux dérapages médiatiques. Il a ainsi donné des recettes pour la fabrication d’explosifs en direct à la télé ce qui avait soulevé un grand tollé, et ses mensonges proférés avec le plus grand culot quand il a accusé Kapitalis d’être financé par l’ambassade de France, son propriétaire, Ridha Kefi, d’être un grand ami de l’ancien président Zine El-Abidine Ben Ali, en donnant l’adresse du journal en direct à la télé, une manière de le désigner aux balles des fanatiques islamistes auxquels il s’adressait.
Des pseudo-experts pour bien noyer le poisson
Ce sinistre personnage avait aussi affirmé il y a quelques mois que la Tunisie colonisera la France et fera du château de Versailles son ambassade!
Et dire que ce rigolo, qui a fait ses classes dans les geôles du ministère de l’Intérieur du temps de Ben Ali, est désigné comme expert dans les milieux islamistes et même au-delà.
C’est ce sinistre personnage qui était invité hier soir de la chaine publique à une heure de grande écoute pour parler du fameux dossier de l’envoi des Tunisiens au djihad en Syrie («milaf attasfir») qui somnole dans les casiers de la justice tunisienne.
Mais comme ce faux expert, menteur et diffamateur qui n’a aucune crédibilité ne suffisait pas pour noyer le poisson… il y avait du renfort en la personne du très aigri et frustré Samir Ben Amor, avocat de la même mouvance crypto-islamiste, jadis conseiller du président provisoire Moncef Marzouki et aujourd’hui proche de la coalition pseudo-révolutionnaire Al-Karama. Me Ben Amor est un haineux notoire qui est allé jusqu’à accuser feu le président Bourguiba de pédophilie.
Il y avait aussi de l’autre côté de la table, soi-disant pour faire entendre l’autre son de cloche, l’ancienne députée Hela Omrane de Tahya Tounes, mais la part du lion était accaparée par le duo islamiste, qui a fait de son mieux pour brouiller les cartes et déplacer la problématique, de manière à éloigner les soupçons de ses maîtres islamistes. Etait-ce le but recherché par l’émission de la Watania 1 et son animateur Chaker Ben Cheikh ? On a de bonnes raisons de le penser, d’autant que présenter deux personnes pour défendre le même point de vue et une seule pour exprimer le point de vue opposé, tout en accordant plus de temps de parole aux deux premiers, c’est tout sauf équitable et professionnel. Mais allez le dire au présentateur qui semble ces derniers temps tout faire pour plaire aux islamistes.
Chaker Ben Cheikh ou l’art de la brosse à reluire
Chaker Ben Cheikh était un Rcdiste notoire qui a déserté les médias des années après la révolution, avant de revenir dans les bagages des islamistes, en usant de la même brosse à reluire qu’il utilisait jadis avec l’ancien régime autoritaire et affairiste. On se souvient, il y a quelques mois, de son entretien très docile et très complaisant avec Rached Ghannouchi, président du parti islamiste Ennahdha, auquel il servit la soupe du début jusqu’à la fin. On parlait même de lui au mois de décembre dernier comme conseiller à la communication du chef du gouvernement Hichem Mechichi – un autre larbin des islamistes – pour remplacer sa collègue Sameh Meftah qui avait fait des bourdes dès ses premiers jours à la Kasbah.
Donc ce choix délibéré des plateaux déséquilibrés et donnant la part du lion aux islamistes relève-t-il de l’excès de zèle de l’ambitieux Chaker Ben Cheikh, d’une volonté du directeur de la télévision nationale, Lassaad Dahech, qui est un ancien d’Al-Jazeera, la chaîne attitrée des Frères musulmans, ou des directives du gouvernement dont le chef est un obligé de Rached Ghannouchi, ou bien tout cela à la fois?
Il n’est pas normal que les impôts des citoyens financent des plateaux déséquilibrés faisant la propagande islamiste à une heure de garde écoute afin de désinformer l’opinion publique, la manipuler et la diriger. D’autant plus que ce qui s’est passé hier soir était un exemple d’absence de professionnalisme flagrant.
Interrogé sur le dossier des réseaux d’envoi au djihad en Syrie, le faux expert Hichem Meddeb a parlé carrément d’un autre sujet, d’un dossier de gaz en 1981 puis des assassinats politiques commis par des parties étrangères pour déstabiliser la Tunisie mais rien pour répondre à la question qui lui a été posée et Chaker Ben Cheikh l’a laissé divaguer comme il l’entendait pour bien noyer le poisson. Et comme cela ne suffisait pas, on a eu droit à une suite du délicieux Samir Ben Amor.
Ce qui s’est passé hier soir est une honte médiatique et la question qui se pose et s’impose est la suivante : la télévision publique est-elle devenue une chaîne islamiste pour servir les ambitions des opportunistes et des carriéristes qui y officient? Et qu’en pense la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica), qui coûte elle aussi beaucoup d’argent au contribuable et on qui tarde encore, six ans après sa mise en place, à prouver son utilité.
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