La présidente du Parti destourien libre (PDL), Abir Moussi, a d’autant plus de raisons de soupçonner une cabale contre sa personne et son parti menée au plus haut niveau de l’Etat qu’elle fait l’objet d’un harcèlement judiciaire aussi incompréhensible qu’injustifié.
Par Imed Bahri
La présidente du PDL a annoncé dans une conférence de presse, aujourd’hui, vendredi 22 avril 2022, qu’elle avait reçu le 19 avril une invitation de la justice suite à une plainte déposée contre elle par la filiale tunisienne de l’Union internationale des savants musulmans, ou «l’Union de Qaradawi».
Quand la politique instrumentalise la religion
Mme Moussi a ajouté qu’elle a été déférée devant le juge d’instruction du tribunal de première instance de Tunis pour des faits incriminés par la loi, notamment «la constitution d’une entente criminelle en vue de porter atteinte aux personnes et aux biens, de séquestrer des personnes de manière illégale et d’appel à la violence et à la haine à l’encontre de l’Union Qaradawi, de nuire à sa réputation en l’accusant d’être lié au terrorisme» (sic!).
Mme Moussi a fait part de son étonnement devant la coïncidence de sa convocation par la justice tunisienne au lendemain des déclarations qu’elle a faites et dans lesquelles elle critiquait l’accueil par le président de la république de plusieurs personnes appartenant à la Ligue nationale pour le Saint Coran au palais de Carthage et son appel à ne pas mêler politique et religion.
Rappelons que Mme Moussi et le PDL ont observé plusieurs sit-in devant le siège de l’Union de Qaradawi à Tunis pour dénoncer cette officine financée par l’Etat du Qatar, affiliée à l’Organisation internationale des Frères musulmans, et qui est chargée de diffuser les idées radicales du prédicateur Youssef Qaradawi, l’un des chantres du jihad dans le monde arabo-musulman.
De sérieux doutes sur l’impartialité de la justice
Elle a également interpellé plusieurs fois le président Saïed au sujet de cette organisation et l’a appelé à ordonner sa fermeture, mais le chef de l’Etat, qui lorgnent l’électorat islamiste, est resté sourd à ses appels. Pire encore : il la met clairement dans son collimateur et certains n’écartent pas la possibilité qu’il lui interdise, à elle et à son parti, le PDL, d’une manière ou d’une autre, de participer aux prochains rendez-vous électorat. D’autant que M. Saïed, depuis la proclamation des mesures exceptionnelles, le 25 juillet dernier, a dissout le parlement et gouverne seul, et s’apprête à promulguer une nouvelle constitution et un nouveau code électorale par… décret présidentiel.
Il convient de rappeler à ce propos que les plaintes contre Mme Moussi sont souvent examinées avec une étonnante célérité par la justice tunisienne et que les plaintes qu’elle dépose, de son côté, sont rarement suivies d’effet. De là à douter de l’impartialité de la justice, il y a un pas que les partisans de Mme Moussi, et pas seulement, n’hésitent pas à faire.
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