Pour Kamel Morjane, la réconciliation économique et financière est nécessaire mais insuffisante. La Tunisie a besoin d’un vrai plan de sauvetage national.
Par Marwan Chahla
Invité hier sur Mosaïque FM, le président du parti Al-Moubadara a exprimé son soutien à l’initiative de la présidence de république sur la réconciliation économique et financière, à laquelle il n’accorde pas nécessairement un appui total et inconditionnel.
Un remue-ménage pour rien
«Si j’étais à la place du chef du gouvernement ou de l’Etat, j’aurais personnellement priorisé la réconciliation nationale, la réconciliation générale. Il ne faut pas que cette réconciliation se limite seulement aux hommes d’affaires. Car, en définitive, que pourrait rapporter cette réconciliation économique et financière? Selon un expert averti que j’ai consulté, cette opération, si elle était menée comme on souhaiterait qu’elle soit conduite, elle ne rapporterait pas plus que 500 millions de dinars (MD). Rendons-nous bien compte de ce que cela représente pour le pays: ce chiffre n’est que le 1/60e du budget de l’Etat tunisien! Tout ça, tout ce remue-ménage pour un ½ milliard de nos dinars!»
Pour le président d’Al-Moubadara, il y aurait mieux à faire pour la Tunisie. «Il y aurait plus salutaire pour le pays, a-t-il insisté. La Tunisie a besoin d’une réconciliation globale, d’une réconciliation plus inclusive. Et ce projet de loi sur la réconciliation fait peu, dans ce sens. Pour ma part, j’aurais tant souhaité que l’on s’attaque à plus sérieux que cela. Si ce projet de loi passe, ce serait tant mieux pour ces initiateurs. Mais, s’il n’est pas adopté, cela ne me dérangerait, car il y a plus important pour notre pays.»
Le pays est confronté à une guerre totale
Etayant le degré zéro de son soutien au projet de loi proposé par le président Béji Caïd Essebsi, M. Morjane a expliqué que «le pays est confronté à une guerre totale, une guerre sur plusieurs fronts. Il n’y a pas que la lutte contre le terrorisme. Il n’y a pas que ce problème sécuritaire. La Tunisie est également appelée à mener une guerre contre la pauvreté et contre la marginalisation. C’est pour toutes ces raisons que, dans notre parti, nous préférons plutôt parler de sauvetage, de salut national – et non pas seulement de programme de développement. A notre avis, la situation est urgente et complexe, en même temps. Il n’y a pas qu’une seule, 2 ou 3 dimensions à la crise à laquelle nous faisons face. Il y en a plusieurs. Du coup, la responsabilité de solutionner cette crise multiple n’incombe pas uniquement au gouvernement. Tout le monde, et chacun en sa position, devra apporter sa contribution pour sauver le pays. Nous autres d’Al-Moubadara, nous travaillons sur cette question et nous rendrons public, vers le 15 octobre prochain, un projet de sauvetage national.»
Cette initiative semble être une réponse, à peine voilée, du président d’Al-Moubadara à l’invitation aux consultations sur la formation du gouvernement de Habib Essid, auxquelles M. Morjane avait pris part et qui n’ont pas tenu compte de ses propositions.
Il ne comprend pas qu’on ait fait appel à lui et qu’on lui ait demandé de suggérer des noms, mais qu’aucune suite n’ait été donnée à ses propositions… «Nous étions parmi les 5 partis qui étaient supposés participer à la coalition gouvernementale. Nous n’y sommes pas», regrette-t-il.
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