Le tourisme tunisien tente une énième chance à la Bourse internationale du tourisme (ITB) à Berlin, avec l’espoir de sauver la saison en cours.
Par Marwan Chahla
Dans sa correspondance de la capitale fédérale allemande, notre consœur de la Reuters, Maria Sheahan, raconte le triste sort de Slim Zghal, propriétaire de 3 hôtels en bord de mer, qui est réduit aujourd’hui à compter ses pertes accumulées et irrattrapables.
Offensive de charme ou rude combat
Contraint et forcé, Slim Zghal a fermé 2 de ses hôtels et sa 3e résidence ne tourne plus qu’au tiers de ses capacités.
«Avec un rendement de 30%, vous ne faites plus d’affaires. Sauf que, si l’activité de l’hôtellerie a toujours été votre rêve, vous n’avez pas le choix et vous continuerez à espérer que les choses reprennent», a-t-il confié à Reuters.
Ainsi, trois attentats terroristes en 2015 (au Bardo en mars, à Sousse en juin et à Tunis en novembre) ont eu raison de l’activité touristique en Tunisie, une industrie qui, en temps normal, contribue à hauteur de 7 à 8% de l’activité économique du pays, rappelle la journaliste de Reuters.
A la ITB de Berlin, le plus important salon mondial du tourisme, la Tunisie a décidé de lancer une nouvelle offensive de charme auprès des médias, des voyagistes et des vacanciers européens.
La ministre du Tourisme, Selma Elloumi-Rekik a dit et répété que «la Tunisie est un pays sûr. Bien évidemment, reconnaît-elle, il y a des endroits où le risque existe, mais il y a des nombreuses régions tunisiennes qui sont sûres à 100%.»
Les autorités tunisiennes ont mis en œuvre un certain nombre de nouvelles mesures de sécurité pour rassurer les visiteurs étrangers, y compris le recours à un consultant sécuritaire en vue d’élaborer un guide en matière de gestion sûre de certains lieux publics comme les hôtels et les musées. La présentation de ce programme anti-terroriste tunisien a été le thème principal d’une conférence de presse, qui s’est tenue jeudi 10 mars, à la ITB de Berlin.
Lors de cette rencontre avec les médias, la délégation tunisienne a notamment mis l’accent sur les coûts exorbitants que représentent pour l’économie du pays toutes ces nouvelles mesures sécuritaires, en cette phase très difficile de la transition démocratique tunisienne.
Des mesures de sécurité exceptionnelles
Slim Zghal, par exemple, a été obligé de doubler le nombre des agents de sécurité de son unique hôtel toujours opérationnel, le Royal Thalassa de Monastir, pour les porter à 30 personnes, qui viennent s’ajouter aux autres policiers et membres de la garde nationale qui patrouillent toute la zone touristique.
Les industriels du tourisme et le gouvernement tunisiens attendent toujours des retours sur toutes ces dépenses et tous ces investissements supplémentaires.
Rien ne semble pouvoir y faire: les touristes européens, suivant presqu’à la lettre les avertissements et interdictions de leurs gouvernements, n’ont plus voulu visiter la Tunisie.
L’an dernier, par exemple, la destination Tunisie a enregistré une chute de 25% du nombre de ses visiteurs par rapport à 2014 – avec un total de 5,4 millions de touristes en 2015, selon le site du ministère.
Le lien devient donc évident entre le taux de croissance économique global de 0,8%, en 2015, contre les 2,3%, en 2014.
Les affrontements de Ben Guerdane, de cette semaine, n’arrangeront assurément pas les choses pour cette année 2016.
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