Un homme a été violemment agressé par des policiers, dimanche soir à Tunis. Résultat : double-fracture du bras droit, fracture du gauche, tympan de l’oreille gauche percé…
Mohamed Ghani Khechimi (30 ans) se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment. C’était dimanche soir, cet homme originaire de Sbiba, gouvernorat de Kasserine, s’est rendu à Tunis pour des affaires. Il devait rentrer lundi pour reprendre le travail mais tout a basculé.
Maher, le frère aîné de Ghani, raconte à Kapitalis, les faits : le jeune homme était logé chez un ami, près de la place Barcelone, au centre-ville de Tunis. Il est descendu vers 22 heures pour acheter un sandwich, quand des jeunes se sont mis à courir en criant: «Cours, cours il y a la police !».
«Ghani ne savait pas trop quoi faire. Il a hésité mais il a finalement fait le mauvais choix de courir. C’était une fraction de seconde, il a préféré courir pour éviter de se faire arrêter et accuser d’un délit qu’il n’a pas commis», raconte Maher.
A peine a-t-il eu le temps de faire quelques mètres, qu’il a été crocheté par un policier et s’est retrouvé par terre. «Il a été frappé, menotté et emmené au poste où il a été de nouveau battu. Il tentait d’expliquer qu’il n’a rien fait et n’a rien à se reprocher et qu’il avait maladroitement fui, en vain», explique Maher. «Pis encore, lorsqu’il disait qu’il avait mal au bras, on le frappait de plus belle. Un policier l’a même insulté et humilié lorsqu’il a vu qu’il était originaire de Kasserine», ajoute-t-il.
L’enquête a ensuite révélé que Mohamed Ghani n’a rien à voir avec la bande de voyous qui a fui la police. Il a donc été relâché, sans être soigné, à une heure tardive du soir. Malgré la douleur, il a pu contacter son frère, qui l’a emmené à l’hôpital de la Marsa où les médecins lui ont prescrit un repos et un certificat médical attestant qu’il a une double-fracture du bras droit, une fracture du bras gauche, des contusions sur tout le corps et le tympan de l’oreille gauche percé…
«Nous avons porté plainte auprès du procureur qui a promis de prendre des mesures. Mon frère doit se faire opérer. Nous allons l’emmener dans une clinique pour qu’il ne perde pas bras», confie encore Maher, avant de conclure : «Ghani est la seule source de revenus pour ma mère et ma sœur à Kasserine. Avec ses deux bras dans le plâtre, il lui est désormais impossible de travailler. Il a pris un coup sur le moral, d’autant qu’il a été humilié par ces policiers qui ont été clairement inhumains».
Y. N.
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