Les experts britanniques du tourisme sont unanimes : la destination Tunisie mettra plus de temps que d’autres destinations pour remonter la pente.
Par Marwan Chahla
Un nouveau coup dur a été porté à l’activité touristique nord-africaine: la British Airways a reporté sa reprogrammation de Charm el-Cheikh «pour une date indéterminée» et la prolongation de l’état d’urgence d’un autre mois en Tunisie est interprétée, en Grande-Bretagne, comme le signe de persistance de la menace terroriste dans notre pays.
Il y a un an, la tuerie de Sousse…
Ces deux annonces interviennent à quelques jours seulement du premier anniversaire de l’attentat de Sousse, le 26 juin 2015, qui a coûté la vie à 38 touristes étrangers. Depuis cette tuerie de l’hôtel Imperial Marhaba, où 30 ressortissants britanniques ont trouvé la mort, la Tunisie a mis en œuvre un arsenal de mesures sécuritaires qui ne parviennent pas à convaincre le gouvernement de David Cameron à lever son interdiction de voyage en Tunisie.
Depuis la tuerie de Sousse, la sécurité des établissements hôteliers tunisiens est devenue une priorité de tout premier ordre, ainsi que vient de le rappeler, une fois encore cette semaine, la Direction générale de la Sécurité du ministère de l’Intérieur, preuves à l’appui: 72 nouveaux postes de police ont été installés dans les zones touristiques du pays et 1500 nouveaux agents de la sécurité sont désormais opérationnels sur le terrain…
Dans le même temps, l’état d’urgence, en vigueur depuis novembre dernier au lendemain de l’attentat terroriste de Tunis contre un bus de la Garde présidentielle, a été prolongé d’un autre mois.
De l’avis d’Andy Cooper, du cabinet de conseil Owens-Cooper Consulting et ancien directeur des Affaires publiques du voyagiste britannique Thomas Cook, le ministère britannique des Affaires étrangères (le Foreign and Commonwealth Office, FCO) serait «particulièrement prudent sur cette question de la levée de l’interdiction de voyage en Tunisie. Cette interdiction ne sera levée que le jour où le FCO aura acquis la certitude totale que le pays est tout à fait sûr. Pour certaines destinations, ils (les responsables du FCO, Ndlr) ont tendance à être plus souples. Par contre, dans le cas de la Tunisie, compte tenu de ce qui s’est passé dans ce pays, ils ont besoin d’être certains que la situation est complètement sûre», a-t-il confié au site de voyage britannique ‘Travel Trade Gazette’ (TTG).
Prudence des tour-operators
«Ils ne lèveront pas l’interdiction avant qu’ils ne puissent constater que les choses ont véritablement et concrètement changé et que la Tunisie contrôle réellement ses frontières», insiste Andy Cooper. D’ailleurs, le co-fondateur de l’Owens-Cooper Consulting est en total accord avec Nick Longman, directeur général de la TUI pour le Royaume-Uni, qui, début juin, avait déclaré que «la Tunisie mettra plus de temps que d’autres destinations pour remonter la pente.»
Lors de la conférence 2016 de l’Institut du voyage et du tourisme (ITT, en anglais), Nick Longman a expliqué que «la nature de ce qui est arrivé en Tunisie marquera pendant pas mal de temps les clients… La Tunisie finira par s’en sortir. Il y aura reprise de l’activité touristique, mais cela prendra plus de temps que pour d’autres destinations…»
Andy Cooper, qui approuve ce point de vue, ajoute: «Même le jour où le Foreign Office prendra la décision d’assouplir son conseil de voyage en Tunisie, je crains que les tour-operators continueront d’être prudents. Il y aura reprise…, mais celle-ci sera graduelle et lente. Pour se déplacer à l’étranger, les gens ont besoin d’être confiants, totalement confiants… »
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