La BBC bidonne et reprend des informations publiées il y a un an par des médias tunisiens en prétendant qu’il s’agit d’une investigation menée par ses soins.
Dans l’émission ‘‘Panorama’’, la BBC(1) affirme, comme étant une révélation appuyée par des documents importants (sic !), que le Tunisien Chamseddine Sandi, qui serait actuellement en fuite en Libye, est «le cerveau» de la tuerie du 25 juin 2015, qui a coûté la vie à 30 ressortissants britanniques. Or, cela avait déjà été écrit par Kapitalis depuis… juillet 2015, dans deux articles séparés: ‘‘Avis de recherche du terroriste Chamseddine Sandi’’ et ‘‘Attentats de Sousse et du Bardo : Les milices de Fajr Libya impliquées’’.
Cette révélation, qui n’en est pas une, a vite fait d’enflammer la toile et les médias au Royaume-Uni, car elle intervient à une courte semaine de l’ouverture officielle des auditions et des plaidoiries sur ce massacre et établit un lien très étroit entre les attentats du Bardo et de Sousse, ce qui est connu par les enquêteurs et les médias tunisiens depuis longtemps.
La BBC prétend avoir obtenu des documents qui prouvent… ce que nous avions déjà publié, à savoir que Seifeddine Rezgui qui a exécuté 38 personnes sur la plage de l’hôtel Imperial Marhaba – avant qu’il ne soit tué lui-même – avait été recruté et dirigé par Chamseddine Sandi.
‘‘Panorama’’ croit aussi révéler ce que nous savions tous depuis longtemps, à savoir que Sandi recrutait et dirigeait les membres de la cellule terroriste qui a mené les deux attentats de 2015 en Tunisie, et qu’il subvenait à leurs besoins pour financer leur déplacement et leur entrainement en Libye, dans des camps de l’organisation terroriste de l’Etat islamique (EI, Daêch).
La BBC n’a donc rien apporté de vraiment nouveau. Elle a seulement réchauffé des informations connues et publiées depuis longtemps. Le but étant de souligner le lien entre l’attentat du Bardo et celui de Sousse qui constitue un intérêt pour l’opinion britannique. Celle-ci voudrait, en effet, savoir s’il y avait eu une négligence avérée, du fait que la leçon de l’attaque contre le musée du Bardo n’aurait pas été apprise, et que cela impliquerait les responsabilités non seulement des tour-operators britanniques, qui ont continué d’organiser des voyages en Tunisie, mais également du Foreign Office, «qui aurait réagi tardivement.»
Tout ça pour ça ? C’est presque pathétique de la part de la chaîne publique britannique qui fait passer pour le fruit d’une investigation des informations recyclées.
Le but de toute l’opération : donner raison à certaines des familles des victimes, certains blessés et d’autres personnes qui ont échappé à la mort sur la plage de l’Imperial Marhaba qui affirment que le tour-operator Thomson leur avait assuré qu’il n’y avait aucun risque de se rendre en Tunisie, après l’attentat du Bardo.
Nicki Duffield, une des touristes britanniques rescapés, a déclaré, dans le reportage de ‘‘Panorama’’: «Je n’ai eu de cesse de poser ces questions: ‘‘Sommes-nous en sécurité en Tunisie? Pouvez-vous nous garantir que c’est un pays sûr?’’ Et, à chaque fois, l’on me répondait qu’il n’y avait aucun danger et que la sécurité a été accrue dans le pays.»
Les responsables de TUI, le voyagiste auquel appartient Thomson, ont, à maintes reprises depuis l’attentat de Sousse, déclaré qu’ils souhaitent ardemment comprendre les circonstances précises de l’attaque contre l’Imperial Marhaba et qu’ils sont pleinement disposés à coopérer avec le juge d’instruction chargé de cette affaire.
Marwan Chahla
Note:
(1) Le reportage de ‘Panorama’ a été diffusé dans la soirée de lundi 9 janvier 2017. Il porte le titre de «Terreur sur la plage: Pourquoi cela est-il arrivé?» et dure 30 minutes.
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