Des médecins sont poursuivis pour outrage à magistrat sur les réseaux sociaux pour avoir critiqué la magistrature et affirmé qu’elle n’est pas impartiale et indépendante.
Contacté par Kapitalis, Dr Jamel Miladi, médecin de la santé publique, syndicaliste et défenseur des droits de l’homme, nous a confié que 8 de ses collègues, dont un pneumologue à Sousse, sont poursuivis par la justice tunisienne «pour avoir exercé leur liberté d’expression», qui est consacrée par l’article 31 de la Constitution de 2014.
Selon Dr Miladi, «personne ne semble être au courant ! Ni syndicat, ni ordre de médecins … je souligne le verbe « sembler » parce qu’en fait ils ont été apparemment mis au courant mais n’ont pas bougé le petit doigt !».
Le syndicaliste appelle le Conseil d’ordre des médecins et la fédération générale de la santé, relevant de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), à venir en aide à ces médecins et à protéger la liberté d’expression, qui est le seul acquis de la révolution de 2011.
«Si on poursuit tous ceux qui s’expriment sur les réseaux sociaux, même par des « insultes » (et je suis d’avis que ça ne sert à rien), on mettrait tout le monde en prison ! Des présidents de la république, ici et ailleurs, sont tous les jours insultés et même tournés en ridicule», a-t-il dit.
Craignant le retour de la dictature et de la répression, Dr Miladi incite ses citoyens à préserver ce trésor durement acquis. «La liberté d’expression est en danger car tout le monde pourrait être poursuivi pour « outrage sur les réseaux sociaux »… des adversaires politiques ou même des adversaires tout court pourraient être éliminés en utilisant ce genre de « motif » puisque le piratage des comptes est devenu une monnaie courante. Dans ces conditions, seuls les morts ne risquent rien … et encore», a encore insisté Dr Miladi.
Rappelons que les médecins poursuivis en justice avaient critiqué les juges ayant ordonné l’incarcération de leur collègue Sami Hamrouni, exerçant dans une clinique de Gabès, accusé d’erreur médicale qui a entraîné la mort d’un patient.
E. B. A.
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