Zouheir Gouja / Mahmoud Turki.
Le public de la soirée d’ouverture de la 2e édition des «Nuits ramadanesques de l’IFT», le mardi 13 juin 2017, a vibré avec un florilège des musiques du monde.
Par Fawz Ben Ali
Les mélomanes tunisiens, qui étaient venus nombreux, aux jardins de l’Institut français de Tunisie (IFT), au centre-ville de Tunis, ont pu profiter de ce voyage transculturel où tous les sons étaient bons à écouter.
En effet, s’il y avait un concert à ne pas rater durant ce mois de ramadan, ce fut bien celui qui a meublé cette longue veillée nocturne aux rythmes de la morna, du stambeli et des musiques maghrébine et orientale.
Morna capverdienne et stambeli tunisien
La soirée a commencé en douceur avec un hommage à la musique capverdienne et particulièrement à la Morna, ce genre né au milieu du XIXe siècle, mais qui n’a réussi à devenir populaire que grâce à son ambassadrice Cesaria Evora.
Le Quartet Wajdi Riahi, Wassim Ben Rhouma, Mohamed Khachnaoui et Wissal Naceur.
Le Quartet, composé de Wissal Naceur au chant et au violon, Mohamed Khachnaoui à la batterie, Wassim Ben Rhouma à la guitare basse et Wajdi Riahi au piano, nous a fait le plaisir de revisiter à sa manière les titres phares de «la diva aux pieds nus» comme ‘‘Sodade’’ ou ‘‘Angola’’.
Se rapprochant aussi bien du blues que du fado et de la samba, la morna est une douce mélancolie aux rythmes lents, qui s’avère aujourd’hui l’une des musiques ethniques les plus écoutées au monde.
Passage obligé, cette première partie ne pouvait s’achever sans qu’on écoute le morceau phare ‘‘Pays sol’’ de Nana Matias, chanson traditionnelle emblématique de l’archipel, un hymne à l’amour et à la simplicité au pays ensoleillé.
Wissal Naceur.
Après ce dépaysement en Afrique de l’Ouest, l’accordéoniste Zouheir Gouja a rejoint le quartet pour un retour aux rythmes bien de chez nous, ceux du stambeli. Tout comme le diwan algérien ou le gnaoua marocain, le stambeli fut implanté en Tunisie par l’immigration subsaharienne. Menacé de disparition, il est revenu en force ces dernières années au devant de la scène musicale tunisienne pour regagner sa place comme composante essentielle de notre identité, et faire ainsi l’écho de notre diversité en réconciliant notre héritage culturel à ses racines africaines.
Le tour du monde arabe en musique
Le troisième et dernier volet de la soirée a été mené en solo par le musicien Zouheir Gouja, qui, accompagné de son instrument fétiche l’accordéon, a rendu hommage à la musique maghrébine et orientale en revisitant les perles du répertoire des grands maîtres compositeurs et interprètes.
Zouheir Gouja.
Ainsi, on est revenu au bon vieux temps d’Oum Kalthoum avec ‘‘Alf lela wlela’’, ‘‘Enta ômri’’… pour ensuite apprécier l’intemporelle Fairouz avec l’une de ses chansons les plus populaires ‘‘Sahar ellayali’’.
Comme le choix du programme était conçu de manière à mettre en valeur la richesse des styles et des genres que le patrimoine musical arabe renferme, le talentueux Zouheir Gouja a tenu à nous faire le tour du monde très vaste des sons en reprenant aussi le chaâbi algérois, le mézoued, le soufi ou encore le jerbi, et ce, en s’accompagnant d’enregistrements préparés en studio pour restituer l’univers sonore authentique de chaque style.
Mahmoud Turki.
Mais la soirée était aussi l’occasion de faire de nouvelles découvertes en matière de scène musicale underground. Ainsi l’accordéoniste a invité son élève, le jeune chanteur, compositeur et musicien Mahmoud Turki qui avait dernièrement reçu le prix des meilleures paroles aux Journées musicales de Carthage (JMC 2017). Le duo d’artistes a interprété ‘‘Ghamedh aïnek’’, extrait de ‘‘Dyslexie’’, le dernier projet musical de Mahmoud Turki.
«Les nuits ramadanesques de l’IFT» se poursuivent jusqu’au 20 juin et proposeront samedi prochain un grand concert de musique libyenne, mais aussi des soirées dédiées au cinéma, au théâtre, à la littérature et aux arts-plastiques.
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