Les déceptions se suivent pour les clubs tunisiens, incapables de retrouver le sommet du football africain. La chute n’a pas commencé hier…
Par Hassen Mzoughi
Grosse déception des clubs tunisiens : après l’Espérance sportive de Tunisie (EST) et le Club sportif sfaxien (CSS), éjectés il y a deux semaines, des quarts de finale de la Ligue des champions et de la Coupe de la Confédération, l’Etoile sportive du Sahel (ESS) et le Club Africain (CA) sont sortis hier, dimanche 22 octobre 2017, tête basse, en demi-finales deux mêmes épreuves africaines. Est-ce un accident de parcours ou, comme on dit, la loi du football ?
Restons d’abord sur le fiasco de cette saison. L’échec lamentable des quatre clubs tunisiens est la conséquence directe de choix techniques erronés. Pourquoi l’ESS et le CA ont-ils arrêté de jouer en championnat depuis le 9 septembre? Si c’est pour ne pas se fatiguer, pour éviter des blessures, c’est raté car on l’a vu, Etoilés et Clubistes ont été sur les genoux, complètement submergés par des adversaires qui, eux, n’ont pas arrêté de jouer en championnat.
Al Ahly a disputé deux matches, le jeudi 12 octobre, contre Al Ittihad (2-0), et le lundi 16 octobre devant El Raja (4-1). Supersport n’a également pas chômé puisqu’il a disputé la finale de la coupe nationale, le samedi 14 octobre. Cela ne les a pas handicapés pour autant.
En définitive il s’agit de bonne préparation, physique et mentale, et surtout de bonne récupération, chose qui reste approximative chez nos clubs.
Velud à côté du sujet
Second facteur de cet échec : les choix de jeu des deux entraîneurs, le Français Hubert Velud côté ESS et l’Italien Marco Simone au CA.
Le technicien français a chambardé l’équipe qui a gagné à l’aller en laissant sur le banc Omar Kanouté le meilleur défenseur, Amr Marei, l’attaquant en forme, et Iheb Msakni, le régisseur. Pire, il a changé les postes en défense en plaçant le latéral droit Hamdi Naguez au centre de la défense aux côtés de Zied Boughattas, pour titulariser Rami Bedoui sur le côté droit tout en maintenant Ghazi Abderrazak à gauche. Résultat, l’arrière garde étoilée a pris l’eau.
Plus, Velud va également «toucher» à l’entrejeu et à l’attaque en faisant entrer Hamza Lahmar et Diogo Acosta, tous deux en manque flagrant de compétition, à la place respectivement d’Amr Marei et Iheb Msakni, qui ont contribué à la qualification de l’équipe jusqu’à ce niveau de l’épreuve. Il a par ailleurs affaibli l’organisation défensive en optant pour deux pivots au lieu de trois afin de protéger le résultat de l’aller.
Bref, Velud assume l’entière responsabilité de cette débâcle. Comme Faouzi Benzarti et Jose Mota, les entraîneurs de l’EST et du CSS, qui ont eux aussi raté leur mission. Et on ne pense pas que les responsables vont rester les bras croisés face à un tel fiasco, car, rappelons le, Velud était également sur le banc, en juin dernier, quand son équipe a lamentablement perdu le match final du championnat contre l’Espérance (3-0). Presque dans les mêmes conditions : l’Etoile était méconnaissable et quasiment absent !
Encore une fois Hossam El Badry, l’entraîneur d’Al Ahly, prend le dessus sur le plan tactique sur un club tunisien. L’équipe cairote n’a jamais donné l’impression d’être déstabilisée en l’absence de ses deux piliers, Ahmed Fathi et Hossam Achour. Certes, elle a été en grande réussite, mais en football, il faut savoir provoquer le succès, en exploitant justement les défaillances de l’adversaire. Et l’ESS en avait beaucoup surtout en défense qui nous a paru friable dès le match aller à Sousse.
L’ESS, comme l’EST d’ailleurs, concède trop d’espaces dans la zone arrière et entre le milieu et la ligne défensive. Facile donc de trouver la faille. Le second et troisième but sont un copié-collé
Marco Simone n’a rien vu venir
L’entraîneur du CA a lui aussi manqué le but en n’arrêtant pas de changer son équipe depuis son arrivée en juillet dernier. Marco Simone n’a sans doute pas travaillé dans des conditions acceptables mais il avait sous la main un effectif potable.
Le technicien italien savait que l’équipe sud-africaine joue un football rapide et en contre. Il savait aussi que les Sud-africains ont toujours marqué à l’extérieur et c’est le secret de leur réussite en cette Coupe de la Confédération. Mais il n’a pas pris ses précautions en mettant en place une formation très offensive. Ici aussi l’organisation défensive a été négligé ce qui a donné un tel résultat décevant.
Marco Simone mais aussi Hubert Velud ont raté leur mission. A leur employeurs de faire le bilan et de prendre les devants. Pour ne pas répéter les mêmes erreurs.
Déceptions à répétition
La dernière fois qu’une équipe tunisienne a remporté la Ligue des Champions africaine remonte à 2011. Cette année-là, l’Espérance avait disposé du Widad Casablanca. L’année d’après, l’EST avait atteint la finale mais s’était fait chiper son bien par Al Ahly d’Egypte, vainqueur à Radès 2-1. Depuis, les «sang et or» sont rentrés dans les rangs comme en témoigne leur dernière élimination sans gloire en quarts de finale de la reine des compétitions africaines par le même Al Ahly, devenu bête noire des clubs tunisiens.
Il faut remonter aux années 2000 pour voir l’Etoile réussir à 3 reprises (2004, 2005 et 2007) à atteindre la finale de la plus prestigieuse des compétitions africaines. Elle est arrivée à glaner le trophée à la troisième tentative, le 9 novembre 2007 (victoire sur Al Ahly 3-1) après une disette de 14 ans (et le titre remporté par l’EST en 2014).
Dans les éditions de 2006 et 2010, le CSS et l’EST ont échoué au pied du podium devant respectivement Al Ahly et le TP Mazembe.
Dans l’édition 2015, l’EST et le CSS ont échoué à se qualifier à la phase des poules, ce qui correspond à un camouflet.
Le CA, premier vainqueur tunisien, voilà 26 ans, de la Coupe des clubs champions devenue par la suite Ligue des champions, s’est longtemps endormi sur ses lauriers. Il n’a jamais plus réussi dans cette compétition comme en Coupe de la Confédération dont il a atteint une seule fois la finale en 2011, battu par le Moghreb de Fes avec sur le banc un certain Faouzi Benzarti.
S’il est légitime de chercher les raisons derrière le dénivellement du football tunisien, les clubs doivent s’employer à trouver les solutions à cet état de fait. L’objectif étant de réhabiliter notre football…
Les déceptions se suivent pour les clubs tunisiens, incapables de retrouver le sommet du football continental. Et qu’on ne vienne pas nous dire que le championnat tunisien est le meilleur d’Afrique, comme aime à le répéter Wadii Al Jari, président de la Fédération tunisienne de football (FTF), qui doit désormais remettre les pieds sur… le gazon.
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