Jawhar Basti accompagne le ballet par le chant.
Tunis vibre cette semaine sur les rythmes de la danse avec la première édition des Journées chorégraphiques de Carthage inaugurée mardi dernier à la Cité de la Culture et qui se poursuivra jusqu’au 1er juillet dans différents espaces de la capitale.
Par Fawz Ben Ali
Le mercredi était le premier jour des spectacles ouverts au public, ce dernier n’avait que l’embarras du choix devant une programmation nationale et internationale concoctée par Mariem Guellouz, directrice de cette première édition.
Dès le premier jour, le festival a réussi à attirer un public large venu découvrir les différents spectacles programmées à des horaires et lieux différents de la capitale tunisienne, et notamment ‘‘Ré-existence’’, la dernière création de l’artiste chorégraphe Nawel Skandrani, l’une des figures marquantes de la danse contemporaine en Tunisie, une création qui vient couronner avec classe et beauté près de 40 ans de carrière.
Ça danse et ça chante
‘‘Ré-existence’’ devait clôturer la 13e édition du Festival de danse contemporaine de Ramallah en Palestine. N’ayant pas réussi à obtenir le visa à temps, Nawel Skandrani a fini par présenter son spectacle à Tunis en hommage à la résistance palestinienne, avant qu’il ne soit programmé aux Journées chorégraphiques de Carthage à la salle Le Rio.
Pour le coup d’envoi, Nawel Skandrani a décidé d’accompagner ses danseurs sur les premiers pas de la chorégraphie avant de rejoindre le chanteur et musicien Jawhar Basti qui s’était discrètement placé en marge de la scène pour accompagner au chant et à la guitare ce spectacle qui s’annonçait assez surprenant. Les deux artistes ont déjà collaboré ensemble sur le spectacle ‘‘Eau secours !’’ que l’illustre chorégraphe avait présenté en 2014 au Festival de Carthage et où elle abordait la question de l’environnement et de la préservation de l’eau.
‘‘Ré-existence’’ ou résistance et existence est comme ses précédents, porteur de messages subtils à travers la danse; il faut dire que Nawel Skandrani nous a habitués à des créations engagées où la danse devient un moyen d’expression libre et de réflexion. Cette fois, ce sont les préoccupations des artistes qui sont mis en avant. Les textes lus, les images qui passent sur l’écran, les paroles des chansons… nous font réfléchir sur la place de l’artiste dans la société, les contraintes auxquelles il fait face, et sa liberté d’expression souvent menacée.
La rencontre de tous les arts
Nawel Skandrani a misé sur un grand show multidisciplinaire où différentes expressions artistiques se rencontrent pour servir la danse. D’un côté, la musique en live nous fait croire qu’on est dans un concert et de l’autre côté, l’interprétation époustouflante des danseurs comédiens donne une dimension théâtrale au spectacle où a été invité la comédienne Nadia Boussetta qui se consacre de plus en plus au 4e art après plusieurs années dans la télévision. La poésie et les arts visuels sont aussi de la partie et donnent encore plus de rythme et de profondeur au spectacle.
Nawel Skandrani est allée chercher l’émotion en dehors des sentiers battus et des chorégraphies figées dont les messages restent souvent indéchiffrables par le public. Dans ‘‘Ré-existence’’, la danse a environné tous les arts dans une étreinte pluridisciplinaire nous mettant plein les yeux, car une conception pareille, on en voit rarement dans le monde de la chorégraphie.
La 1ère édition de Carthage Dance Days du 26 juin au 1er juillet 2018
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