Le nouveau ministre du Tourisme et de l’Artisanat, René Trabelsi, se donne pour mission d’œuvrer pour faire de la Tunisie l’une des premières destinations touristiques au monde. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres…
Par Khaoula El Cadi *
Première destination touristique dites-vous ?
Je ne veux être rabat-joie mais cela sonne faux.
Ce n’est sûrement pas une fatalité, il y a juste quelques petits ajustements à faire pour donner à cette affirmation un ton mélodieux.
Par quoi peut-on commencer ?
Où est ce qu’il y a urgence ?
Justement, l’urgence est partout et les interventions se doivent d’être menées sur tous les fronts.
Par conséquent, l’ordre dans lequel sont dressées les suggestions d’intervention n’est pas en corrélation avec l’importance ou l’urgence.
Un pays accessible sans entraves ni monopole contribuera à la réalisation de notre objectif. Un touriste doit pouvoir choisir de venir en Tunisie quand il le veut, au prix qui lui convient et par le moyen qui l’accommode. Quand il arrive en Tunisie le touriste doit trouver des moyens de transport décents et variés avec un réseau fiable en termes de sécurité et de ponctualité.
Des villes gagnant de jour en jour en propreté nous rapprocheraient de notre objectif et s’il faut développer je dirais qu’il faut penser sérieusement à la question des décharges publiques contrôlées, mais surtout à l’économie du recyclage.
Un environnement architectural et urbain assaini ne peut que booster cette marche vers notre objectif. En effet, le touriste saura où il a passé ses vacances avec des encrages visuels plus vendeurs que les cartes postales d’antan.
L’artisanat de tout pays en dit long sur son identité, ses racines, son évolution et représente sans équivoque une valeur sûre sur le chemin de la réalisation de notre objectif, il suffit de lui trouver cette alchimie avec l’innovation et de protéger sa compétitivité en interne et à l’international.
L’histoire d’un pays peut être assimilée à son ADN qui le différencie des autres destinations. Une mise en valeur de nos monuments historiques nous rapprochera donc de notre objectif. Le touriste trouvera une réponse additionnelle à son questionnement pourquoi la Tunisie.
La carte hôtelière d’un pays est d’une importance telle, que l’atteinte de notre objectif passera obligatoirement par une gestion de nos unités hôtelières conformément à la législation. Par là je vise à débarrasser le système de toutes les formes d’amateurisme, d’intrusion, d’escroquerie. Ceci dit cette législation est elle-même sujet à révision essentiellement pour s’adapter au monde en perpétuelle évolution dans lequel nous opérons.
Ouvrir les horizons pour notre offre touristique au-delà des hôtels participera à dégager notre chemin vers notre objectif. Comme mentionné si haut le touriste doit trouver mille et une raisons pour choisir la Tunisie. Puiser dans notre patrimoine culturel, artistique, culinaire, mais également chercher des niches non exploitées désenclavera les hôtels et enrichira l’expérience du touriste ayant fait le choix de notre pays.
Le facteur humain étant sans équivoque le centre névralgique du secteur touristique la réalisation de notre objectif passera certainement par toutes les personnes impliquées dans le façonnage de l’œuvre globale. De ce fait, l’investissement dans la formation de tous ces intervenants ne sera possible que par la restructuration des organismes de formation, mais également par l’instauration de nouvelles formes d’apprentissage.
Le nombre de visiteurs est certes une donnée intéressante mais doit cesser d’être notre préoccupation première si nous voulons réaliser notre objectif.
* Citoyenne tunisienne.
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