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Fiad 2019 à Casablanca : Le Maroc au cœur de l’économie africaine

La 6e édition du Forum International Afrique Développement (Fiad), organisé par le groupe Attijariwafa bank, s’est achevée vendredi 15 mars 2019, à Casablanca (Maroc), après deux journées de débats et de rencontres sur l’actualité et l’avenir des métiers bancaires, ayant réuni près de 2.000 entrepreneurs et produit environ 5.000 rendez-vous d’affaires.

Par Cherif Ben Younès, envoyé spécial à Casablanca.

D’une manière générale, les performances économiques de l’Afrique s’améliorent d’une année à l’autre. «La situation du continent est bonne», indique d’ailleurs la Banque africaine de développement (BAD) dans son rapport sur les perspectives économiques en 2019.

En témoignent, entre autres, le taux de croissance qui atteindra, selon les prévisions, une moyenne de 4% cette année, et la contribution des investissements, qui a fait un saut important entre 2015 et 2018, passant de 14% à 48%. Cependant, tout n’est pas parfait. La croissance du PIB, par exemple, a connu une courbe descendante durant la même période, passant de 55% à 48%.

Dans ces conditions encourageantes, l’Afrique est appelée à une meilleure intégration économico-industrielle, afin de s’imposer comme le futur centre de gravité international en matière d’économie. Certes, ça ne sera pas facile, mais les nombreux politiciens et acteurs économiques présents au Fiad 2019 en étaient convaincus.

Parmi lesquels, il y avait le président de la république de Sierra Leone, Julius Maada Bio, l’invité d’honneur de cette édition qui a pour thème «Quand l’Est rencontre l’Ouest».

Les potentialités naturelles et humaines doivent être exploitées

Chargé de donner le coup d’envoi du forum, lors de la cérémonie d’ouverture, le chef d’État sierra-léonais a tenu à souligner les énormes potentialités dont regorge l’Afrique. Fort de sa population d’environ un milliard de personnes, et de ses ressources naturelles des plus variées, ce continent dispose, selon M. Maada Bio, d’énormes opportunités d’investissements, dans divers secteurs, tes que l’agroalimentaire, les énergies renouvelables et le tourisme.

Le président de la république de Sierra Leone, Julius Maada Bio.

Les choses ne sont, toutefois, pas toutes belles en terre africaine. Et à cet effet, Maada Bio a rappelé les besoins africains colossaux en matière d’infrastructures. «Nous devons affronter de nombreux défis, tout en restant tournés vers le futur pour mobiliser et saisir les opportunités au profit des pays du continent», a-t-il relevé, insistant sur l’importance de veiller à la stabilité politique, faire face aux changements climatiques et améliorer le climat d’investissement, tout en aplatissant les barrières, en vue d’encourager le développement du commerce intra-africain. Il a également appelé à lutter contre la corruption et à améliorer les institutions de gouvernance.

Maada Bio a, par ailleurs, plaidé pour un plus haut degré de diversification économique en Afrique, afin de la rendre plus résiliente aux crises, mettant, particulièrement, l’accent sur l’importance de l’économie inclusive, un concept qui consiste en la mise en œuvre d’une économie qualitative dans chaque pays africain, tout en la partageant avec les autres pays du continent. Une idée intéressante certes, mais qui ne peut porter ses fruits que sur le moyen terme.

De son côté, le Marocain Mohamed El Kettani, Pdg du groupe Attijariwafa bank, a assuré que l’Afrique reste l’espoir pour la croissance mondiale dans «le contexte d’incertitude actuel». «Si l’économie mondiale a connu une phase d’expansion en 2018, le monde semble être entré à nouveau dans une phase d’essoufflement et d’incertitude grandissante», a-t-il souligné. En revanche, a-t-il poursuivi, dans cet environnement jonché d’incertitudes, le continent maintient le cap et demeure un espoir pour la croissance mondiale.

À ce propos, le Pdg a rappelé que l’Afrique a engagé une croissance de 3,5% en 2018, et que cette année, elle devrait faire mieux, en atteignant les 4%. Plus de temps à perdre donc, selon El Kettani, qui a affirmé que la combinaison d’opportunités et de menaces auxquelles fait face le continent indique, plus que jamais, la nécessité de réformes structurelles et l’approfondissement de l’intégration économique, dans le but de fluidifier la libération des énergies créatrices de richesses et de valeur. «L’agenda institutionnel avance dans le sens de l’intégration : 44 des 54 pays africains participent déjà à plus d’une communauté économique régionale, avec des degrés divers d’intégration et un potentiel de renforcement considérable», a-t-il rappelé.

El Kettani a, par ailleurs, insisté sur l’importance de miser sur la femme africaine : «L’avenir de l’Afrique passera par les femmes». D’ailleurs, à cet effet, un workshop thématique a été consacré à la femme entrepreneure africaine dans ce Fiad : «Stand up for african women entrepreneurs». Un panel, au cours duquel, 4 entrepreneures venues de l’Ethiopie, du Sénégal, du Maroc et des États Unis, ont mis en évidence les initiatives et mécanismes de financement innovants en cours pour soutenir les femmes entrepreneures, ainsi que la nécessité d’accélérer le déploiement et la communication autour de ces leviers en faveur de l’entrepreneuriat féminin.

Un big-bang économique en perspective

Morcine Jazouli, ministre délégué auprès du ministère marocain des Affaires étrangères, a, pour sa part, estimé que l’Afrique est sur le point d’assister à un véritable big-bang [économique]. «L’émergence de notre continent va bouleverser la hiérarchie des puissances économiques mondiales», s’est-il réjoui, appelant, pour y arriver, à une action concertée, collective et, avant tout, intra-africaine, et ce compte tenu de «l’immensité de la tâche».

Le ministre a, par ailleurs, assuré que l’entrée en vigueur de la zone libre-échange continentale (Zlec) va bouleverser la donne. «C’est l’une des forces de ce big-bang puisqu’elle abolira les frontières et fera tomber les barrières tarifaires et non tarifaires, en plus d’accélérer la mobilité de la main d’œuvre et des capitaux», a-t-il développé.

Dans ce mouvement vers l’intégration économique et l’évolution industrielle de l’Afrique, les infrastructures en représentent la pierre angulaire. C’est d’ailleurs l’un des points essentiels de l’intervention de Li Li, ambassadeur de la Chine au Maroc, qui a également exprimé sa joie de constater que plusieurs pays africains croient, comme la Chine, au pluralisme.

De son côté, Khoudia Mbaye, ministre sénégalaise de la promotion des investissements, a appelé, afin de faire de l’Afrique «le centre du monde», à faciliter l’accès au financement. Dans ce cadre, elle a proposé de «faire sauter les barrières tarifaires et dogmatiques».

Le président de la commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), Abdallah Boureima, a, quant à lui, avancé un autre constat : l’exigence de l’intégration régionale est devenue encore plus forte dans le monde aujourd’hui. «Dès lors, il deviendra difficile, voire impossible, pour les pays africains de se développer individuellement», a-t-il lancé.

Débats, rencontres d’affaires, compétitions… Le Maroc donne l’exemple

Pour cette 6e édition, considérant les reconfigurations économiques mondiales actuelles, les enjeux et les opportunités de développement du continent, ainsi que le projet de la Zlec, des experts économiques de renom et des décideurs politiques de premier plan se sont attelés à examiner les ressorts de l’intégration intra-régionale en matière de création de valeurs et d’opportunités à travers notamment 2 plénières : «Accélérer l’intégration économique régionale» et «Le positive impact, garant d’une croissance solidaire et responsable».

Parallèlement à celles-ci, se sont tenus les rencontres B2B, B2G, la signature de conventions, et le Marché de l’investissement. Ce dernier a convié cette année la Sierra Leone, en invité d’honneur, et 7 autres pays africains : le Cameroun, la Côte d’Ivoire, l’Égypte, l’Éthiopie, le Kenya, le Mali et le Rwanda, qui ont présenté, tour à tour, leurs plans nationaux de développement ainsi que les opportunités d’investissement dans les secteurs-clés, à forte croissance, afin d’atteindre leurs objectifs de développement.

Enfin, les «Trophées de la Coopération Sud-Sud» ont été décernés aux meilleures entreprises engagées dans le développement des échanges et des investissements intra-africains et les «Trophées du Jeune Entrepreneur» ont récompensé l’ambition et le dynamisme des jeunes entrepreneurs et porteurs de projets à l’échelle africaine, une compétition qui a connu une consécration tunisienne : la startup Alz-E a reçu le prix «coup de cœur» du jury.

La participation tunisienne a été également marquée par la présence de près de 40 hommes d’affaires, qui ont été, comme chaque année, très actifs dans les rencontres B2B. «Nous exportons énormément sur l’Afrique, parce que c’est un continent où on peut se positionner facilement, notamment en raison du manque de concurrence. Nous pensons donc que le développement de notre entreprise passe par l’Afrique», nous a confié Lassaad Boujbel, promoteur et président exécutif des laboratoires pharmaceutiques Medis Tunisie, qui a fait le déplacement au Maroc dans le but de décrocher des opportunités d’investissements pour le développement de sa firme.

D’un autre côté, M. Boujbel a appelé à ce que la Tunisie suive l’exemple marocain qui investit énormément sur le continent africain, et qui s’investit aussi dans la sensibilisation à cette cause, notamment à travers l’organisation de ce genre d’événements de grande envergure.

Devenu un rendez-vous incontournable pour les rencontres d’échanges économiques et commerciaux en Afrique, le Fiad a, une fois de plus, tenu ses promesses, en permettant à de nombreuses parties prenantes, principalement africaines, de contribuer, de façon pérenne, à la dynamique intracontinentale, en attendant la concrétisation des prévisions et des promesses annoncées dans l’avenir.

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