La Coupe d’Afrique des Nations n’a jamais été aussi compliquée que la version actuelle, qui sera lancée aujourd’hui, vendredi 21 juin 2019, en Egypte, avec le match d’ouverture Egypte -Zimbabwe.
Par Hassen Mzoughi
Président de la Confédération africaine de football (CAF) récemment interpellé en France, pour des soupçons de corruption, scandale de l’arbitrage, mise sous tutelle de la CAF par la Fifa…, le football africain est en pleine crise au coup d’envoi de sa plus grande fête biennale.
Au début, c’était le Cameroun, le pays chargé d’abriter la CAN 2019 mais qui avait annoncé son incapacité à assurer la disponibilité de l’infrastructure en temps nécessaire. La CAF lui retira la CAN qu’elle attribua en janvier à l’Egypte. Entre-temps, les Comores ont intenté un procès devant le Tribunal international du sport (TAS), demandant l’exclusion du Cameroun du tournoi, mais leur plainte est restée sans effet.
Le football africain en crise
La CAF, et le football africain de manière générale, traversent une période délicate depuis quelques semaines. Avec, d’abord, le licenciement du secrétaire général Amr Fahmy en avril, puis le gigantesque scandale de la finale de la Ligue des champions et la garde à vue du président de la CAF Ahmed Ahmed il y a deux semaines à Paris.
Il y a quatre jours, le président de la Confédération africaine, Ahmed Ahmed, a été interpellé à Paris, au lendemain du Congrès de la Fifa, «au sujet d’allégations liées à son mandat en tant que président de la CAF», selon l’instance du football mondial.
La proximité entre cette décision, très critiquée par le monde du foot, et l’interpellation du patron de la CAF – alors qu’elles ne sont pas liées – ont largement contribué à jeter un voile sombre sur les problèmes du foot africain à la veille de la CAN. Problèmes liés à l’arbitrage dans ses compétitions majeures, corruptions en tous genres, etc.
La Fifa impose une mainmise sur la CAF
En pleine tourmente, la Confédération africaine sera inspectée par la numéro 2 de la Fifa Fatma Samura à partir d’août et pendant six mois. La secrétaire générale de la Fifa a été nommée déléguée générale pour l’Afrique à partir du 1er août, pendant six mois, pour superviser la CAF, secouée par des polémiques et des scandales ces derniers mois. Et elle peut prolonger sa mission au-delà du 30 janvier 2020.
Officieusement, la dirigeante sénégalaise a été sollicitée «afin d’évaluer la situation actuelle et de contribuer à l’accélération du processus de mise en œuvre des réformes en cours, destiné à assurer à la CAF un fonctionnement de manière transparente, efficace et selon les standards de gouvernance les plus élevés», selon le communiqué conjoint.
Officiellement la Fifa prend temporairement le contrôle de la CAF et du football africain afin de revoir en profondeur leur fonctionnement. Un vrai camouflet au continent dont les joueurs font le bonheur des clubs européens mais qui reste hélas dépendant d’une très mauvaise gouvernance. L’idée en apparence est de «donner à la CAF une assise solide et moderne, d’améliorer son image et sa réputation et de garantir qu’elle soit mieux équipée pour faire face aux défis à venir». Mais au fond la Fifa soupçonne des «affaires». La CAF ne dirige pas (momentanément) son football. Est-ce le début des manœuvres pour un changement à sa tête?
Pourquoi une CAN en plein été ?
Pour la première fois de son histoire, la Coupe d’Afrique des Nations se déroulera en été sous des températures supérieures à 30 degrés, ce qui représente un défi pour les équipes participantes. La plupart des joueurs qui participeront à la Coupe d’Afrique des Nations ont déjà disputé plus de 40 matches cette saison et leur nombre peut aller jusqu’à 50 pour ceux qui jouent en Europe.
Ensuite le passage de 16 à 24 équipes en phase finale ne participe pas de la promotion du foot. Au contraire, la formule affaiblit le tournoi avec des matches de moyenne qualité. Le troisième du groupe peut en effet se qualifier en huitièmes.
Toujours est-il que l’avantage du terrain peut encore jouer. L’Egypte avec Mohamed Salah, cette fois en grande forme, contrairement au dernier mondial, a un atout considérable. Avec également le public égyptien qui jouera bien sûr son rôle. Les favoris sont le Sénégal, qui possède de fortes individualités telles que Sadio Mané, le coéquipier de Mohamed Salah à Liverpool, le défenseur Khalido Coulibaly, le joueur de Napoli.
Les favoris de la compétition
Outre l’Égypte et le Sénégal, le Maroc ne peut être ignoré. Les Lions de l’Atlas ont un entraîneur talentueux Hervé Renard, vainqueur de la CAN avec la Zambie et la Côte d’Ivoire, et des joueurs expérimentés.
Personne ne sait ce qui va arriver. Personne n’a parié sur la victoire du Cameroun en 2017, et que s’est-il passé? Les Lions ont gagné, puis tout le monde a parié en vain sur la qualification des Camerounais pour la Coupe du monde 2018.
Il est également probable que le Nigéria et le Ghana jouent un rôle clé dans le tournoi même s’ils ne sont pas stables.
L’Algérie dirigée par un jeune entraîneur, Jamel Belmadi, est elle aussi bien placée. Beaucoup de ses joueurs qui ont réussi une bonne saison avec leurs clubs, tels que Baghdad Bounedjah ou Sofiane Feghouli, qui vient de remporter le doublé avec Galatasaray.
La Tunisie, la seconde meilleure équipe africaine après le Sénégal dans le classement Fifa, ne figure peut-être pas parmi les favoris, mais les cadors du continent, avec leurs armadas de stars, commettraient une grave erreur s’il ne la prennent pas au sérieux, car les coéquipiers de Youssef Msakni sont capables de damer le pion aux meilleurs.
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