Hichem Snoussi, membre de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica), a tiré la sonnette d’alarme, aujourd’hui, 18 décembre 2019, sur la possible instrumentalisation politique de son instance – dont les membres seront bientôt réélus – à l’image de ce qui s’est passé avec l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie).
Invité sur le plateau de « Midi Show », sur Mosaïque FM, M. Snoussi a rappelé que des médias audio-visuels tunisiens ont entièrement été consacrés à la publicité politique durant la période électorale relative à la présidentielle et aux législatives de 2019, à l’instar des chaînes de télévision Zitouna et Nessma, ainsi que la station radio « Saint Coran« , qui ont fait, respectivement, la promotion d’Ennahdha, de Qalb Tounes et d’Errahma.
Hichem Snoussi a rappelé que ces médias opèrent dans l’illégalité absolue, ne reconnaissant même pas son instance, qui est pourtant constitutionnelle.
Il a, d’autre part, mis l’accent sur la passivité de l’Isie face à leurs dépassements durant la campagne électorale, notamment du fait de la partialité des membres de cette instance, qui sont élus – faut-il le rappeler – par les partis les plus représentés au parlement.
M. Snoussi craint donc que la Haica connaisse ce même sort, lors de l’élection de ses nouveaux membres et de la promulgation de ses lois définitives par l’ARP, estimant que l’activité médiatique et journalistique tunisienne est, par conséquent, sérieusement menacée de devenir un simple instrument d’exercice du pouvoir au service des politiciens les plus influents et des affairistes les plus riches et appelant la société civile et l’ensemble des citoyens à se mobiliser pour sauver la mise.
L’ancien journaliste a, sur un autre plan, démenti les déclarations qui lui ont été attribuées hier et selon lesquelles Saïd Jaziri, député d’Errahma à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et patron de la radio pirate « Saint Coran« , aurait fait du chantage à l’Isie pour récupérer son siège au parlement.
Il a, toutefois, assuré que l’ancien imam controversé a exercé une énorme pression sur la Haica durant la période électorale, notamment en tenant un discours incitant à la haine envers ses membres, «qu’il nommait quotidiennement, par leurs noms et prénoms, en les accusant de vouloir faire taire le saint-Coran, comme s’il cherchait à ce qu’un psychopathe les assassine».
Il faut dire que l’instrumentalisation de la religion et l’utilisation du sacré – afin de s’octroyer un pouvoir moral ou politique et d’intimider les gens – est une spécialité chez la plupart des ecclésiastiques, notamment ceux du monde arabo-islamique, et que Saïd Jaziri est loin de faire l’exception… oubliant que nous sommes rendus à une époque où même leur sacré peut être librement critiqué et remis en question.
C. B. Y.
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