L’entraîneur de l’Etoile sportive du Sahel (ESS), Juan Carlos Garrido, monte au créneau. Il a exprimé sa profonde déception face à «l’indifférence» du président du club à son égard.
Par Hassen Mzoughi
«Malheureusement, il y a un manque de communication avec la direction du club», a regretté Garrido, lors d’une intervention hier, lundi 3 février 2020, sur les ondes d’une radio. «Ainsi le cas Wajdi Kechrida demeure flou. Va-t-il partir ou rester ? Personne ne me dit ce qui va se passer. Je ne sais rien des nouvelles recrues. Je n’en ai aucune idée», ajoute encore le technicien espagnol.
Autre fait significatif : Garrido a appris seulement hier, la veille du match contre le Club sportif sfaxien (CSS) aujourd’hui, mardi 4 février, au stade d’El Menzah, à Tunis, que l’arrière gauche, Mortadha Ben Ouanès, ne sera pas éligible pour cette rencontre retard comptant pour la dixième journée du championnat de Tunisie, étant suspendu pour avoir récolté son troisième avertissement.
Cette «omission» a mis Garrido dans l’embarras de lui trouver une alternative, soit Ammar Jemal, incapable de combiner défense et attaque, soit Ahmed Raddaoui, peu utilisé cette saison.
Problèmes de communication avec le président Charfeddine
Le technicien espagnol perd patience et monte au créneau. Déjà samedi dernier, après la qualification de l’ESS pour les quarts de finale de la Ligue des champions, il ne s’est pas empêché de pointer «ceux qui ne sont pas venus dans les vestiaires pour féliciter les joueurs et le staff technique», allusion claire faite au président du club.
Il n’a pas raté l’occasion pour interpeller de nouveau le président du club, Ridha Charfeddine et confirme les relations difficiles avec ce dernier en affirmant hier : «Il n’y a pas de communication avec le président du club. S’il n’aime pas mon travail, pourquoi il ne me parle pas du problème. La situation ne peut pas continuer comme ça.»
Tout le monde connaît l’état de confusion administrative et de laxisme du club.
Dès la fin de la courte expérience de Karim Haggui, le comité directeur devait trouver l’alternative le plus rapidement possible, car l’ESS ne pouvait se passer d’un directeur sportif. Le président du club avait une opinion différente, convaincu par des intermédiaires de la nécessité de se passer de ce poste, bien sûr parce que c’est mieux pour eux.
Meilleure défense et meilleure buteur
Sans remettre en place l’administration, en l’absence de compétences techniques capables de tracer un plan à court et moyen termes, la confusion restera totale.
Arrivé en pleine crise, le technicien espagnol n’a pas échoué, car se qualifier en tête de classement pour les quarts de finale de la Ligue des champions, dans un groupe comprenant Al-Ahly et Al-Hilal, l’un des plus solides du tournoi, n’est pas une performance banale.
L’ESS a terminé à la première place de son groupe avec 12 points (dont 6 glanés sur 9 possibles à l’extérieur), derrière TP Mazembe et Sundowns (14 points chacun). Suivent l’Espérance sportive de Tunis (EST), le Raja et Al-Ahly (11 points). Meilleure ligne défensive (3 buts en 6 matches) avec l’Espérance et Sundowns, 3e attaque de la phase de groupe (8 buts, dont 5 à l’extérieur), derrière Mazembe et Sundowns, l’ESS dispose aussi du meilleur buteur de la Ligue des champions en cours, à savoir l’avant-centre algérien Karim Laribi (10 buts en 10 matchs). L’ESS, malgré les problèmes, a tenu son rang, sans toutefois avoir la réussite en championnat de Tunisie.
Charfeddine peut-il se débarrasser de Garrido ?
En dépit de ce bilan plutôt acceptable, Garrido n’est pas tranquille car il risque sur une nouvelle saute d’humeur de Ridha Charfeddine de quitter le banc technique de l’ESS. Aux dernières nouvelles ce dernier a appelé Roger Lemerre pour lui proposer le poste de manager général. En vain. Deux Français et un Tunisien seraient des alternatives pour succéder à l’Espagnol. Mais un éventuel départ du technicien coûtera un paquet.
Garrido a un objectif dans son contrat : la troisième place en Ligue des champions cette saison … Cet objectif raté, il quittera sans compensation. L’Espagnol est en course pour le carré d’or, et tout est possible sur deux matches.
Or un licenciement maintenant signifie 2 millions et demi de dinars d’indemnisation pour lui et le reste du staff technique !
Concéder ce montant en plus des 4 millions de dinars claqués pour payer la pénalité infligée à Souleymane Coulibaly par la Fifa pour rupture unilatérale de contrat avec Al-Ahly, semble très difficile à supporter par le président de l’ESS ! Mais attendons l’issue du match aujourd’hui contre le CSS.
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