Commentant, tôt ce matin, les résultats du vote de confiance au gouvernement d’Elyès Fakhfakh, Rached Ghannouchi s’est félicité de «la tournure positive que les choses ont prise» et que le chef de gouvernement désigné ait réussi cette épreuve. Feignant un certain soulagement, il s’est voulu rassurant: «il n’y a pas de crainte à avoir, car pour l’adoption de nouvelles lois, le contexte sera totalement différent…»
Dans une rencontre avec les médias tôt aujourd’hui, jeudi 27 février 2020, le président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et du parti Ennahdha a présenté ses «félicitations, aux noms de l’Assemblée et d’Ennahdha, au nouveau chef du gouvernement Elyès [Fakhfakh]* pour le vote de confiance parlementaire qui lui a été accordé. C’est un succès, c’est un bon résultat qu’il vient ainsi de réaliser. C’est une réussite honorable lorsque l’on prend en considération les difficultés auxquelles il a été confronté – les longues tractations, les interminables consultations, les surenchères et autres tiraillements…»
Avec la gravité et l’austérité auxquelles il nous a habitués, le gourou de Montplaisir a prétendu qu’«il y a eu des moments où l’on a craint le pire -où l’on a craint que le chef de gouvernement désigné ne puisse pas atteindre le nombre de voix requis…», a-t-il ajouté, sans vouloir préciser la ou les parties qui auraient pu, par leurs jeux vicieux, entraîner le pays dans le précipice catastrophique d’une dissolution de l’ARP et de la tenue de législatives anticipées…
Se montrant rassurant – mais sans convaincre! -, Rached Ghannouchi prétend qu’«à l’avenir, à l’Assemblée, les choses se dérouleront différemment. Il n’y a plus de crainte à avoir. Il ne s’agira pas de la même démarche, car le contexte sera tout autre… La majorité qui a accordé la confiance au nouveau gouvernement ne sera pas la même que celle qui votera les lois...»
Ne cherchons pas à comprendre cette distinction que le chef islamiste tente d’établir entre la séance plénière de l’ARP d’hier et ce qui se passera dans l’hémicycle durant le reste du quinquennat parlementaire. Par contre, il y a une certitude indéniable: cette capacité qu’ont les Nahdhaouis à jouer sur deux ou trois registres à la fois; cette capacité qu’ils ont à se jouer de tout le monde… et du peuple tout entier. Et fausseté légendaire!
Aujourd’hui, par exemple, ils souhaitent faire croire qu’ils soutiennent Qalb Tounes. Souvenons-nous de ce qu’Ennahdha disait du parti de Nabil Karoui et de ce que cet homme représentait, durant les campagnes présidentielle et législatives… Puis, d’un seul coup, la page est tournée, Qalb Tounes vote en faveur de Rached Ghannouchi, pour la présidence de l’ARP, et Ennahdha devient le défenseur du principe de la formation d’un gouvernement d’union nationale… pour trouver une place à Qalb Tounes dans le nouveau gouvernement…
Tout cela n’est qu’enfumage. Les Nahdhaouis, ces hommes qui prétendent «craindre Dieu», ne craignent que les principes… parce qu’ils n’en ont pas et n’en ont jamais eu.
M. Ch.
* Rached Ghannouchi s’adresse ou parle du nouveau chef du gouvernement Elyès Fakhfakh en l’appelant par son prénom. Cet écart est inacceptable même de la part d’un cheikh (!).
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