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La notation souveraine de la Tunisie recule de 7 crans entre 2010 et 2020

Preuve que les années 2010-2020, dominées par le parti islamiste Ennahdha, ont constitué une décennie noire sur les plans économique et des équilibres des finances publiques, la Tunisie recule de 7 crans dans sa notation souveraine (évaluation de sa solvabilité) durant cette période.

Par Imed Bahri

En effet, la notation actuelle nous ramène au niveau d’avant 1994. Un vrai gâchis! Et le pire c’est que le cauchemar se poursuit…

«La Tunisie était alors notée ‘‘B aa2’’ par l’agence de notation Moody’s, ‘‘BBB’’ par S&P et Fitch, soit 7 crans de plus qu’aujourd’hui. En fait, la notation actuelle nous ramène à l’avant 1994, date de l’entrée de la Tunisie au marché́ financier international et l’obtention de son grade Investissement», rappelle, à juste titre, Taoufik Baccar, l’ancien gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), dans un récent post Facebook, en rendant hommage aux «cadres valeureux et dévoués à la Tunisie» qui étaient derrière cette réussite.

Ah ces belles années 1990, si elles pouvaient revenir !

A l’époque, à une question relative aux moyens que met la Tunisie pour mobiliser autant de financements étrangers pour construire des barrages, des ponts, des échangeurs et autres équipements publics, un haut fonctionnaire du ministère de l’Equipement nous répondait : «Nous ne courons pas derrière les bailleurs de fonds, c’est eux qui nous courent derrière. Nous sommes un pays solvable, qui paye ses dettes dans les délais et rubis sur ongle, et nos projets sont bien ficelés et ont un impact économique certain. Nous n’avons pas de difficultés à leur trouver des financements et au meilleur taux d’intérêt possible».

Ce temps-là nous semble aujourd’hui loin, très loin, car, entre-temps, nous avons gaspillé notre énergie dans de vaines polémiques politiciennes et détruit l’image, construite par de vaillants commis de l’Etat, dévoués et patriotes, celle d’un pays sans problèmes, bien entretenu et bien géré. Un pays presque émergent…

Parer à la déficience de dix ans de mauvaise gouvernance

C’est sans doute cette descente aux enfers de l’économie tunisienne qui fait écrire à Taoufik Baccar, l’un ces commis de l’Etat, dans son post cité ci-haut: «Le temps est venu de parer à la déficience qui a marqué dix ans durant la gestion de la position et de l’image de la Tunisie sur ces marchés et cela ne saurait se faire qu’en arrêtant une feuille de route de réformes, en entamant son exécution afin de restaurer la crédibilité de ce pays et en s’entourant des vraies compétences capables de redorer le blason de ce pays…»

Les «vraies compétences», souligne M. Baccar. C’est-à-dire les hauts commis de l’Etat, cadres de la nation, et non les opportunistes, ambitieux et arrogants issus des partis politiques, qui ont fait tant de mal à la Tunisie et aux Tunisiens, pour lesquels démocratie rime désormais avec anarchie et faillite.

C’est là, on l’a compris, un message codé envoyé par M. Baccar au chef de gouvernement désigné, Hichem Mechichi, lui-même énarque et commis de l’Etat, lui disant ceci (et c’est nous qui traduisons): «Ne cherchez pas les oiseaux rares dans les partis, car ces derniers n’en ont pas; les vraies pépites sont dans l’administration publique, mais il faut en prendre les meilleurs, qui ne sont pas forcément les plus visibles ni les plus bavards».

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