C’est sur la chaîne qatarie basée à Londres Al-Araby que l’affairiste véreux Nabil Karoui, président Qalb Tounes, allié des islamistes d’Ennahdha et d’Al-Karama – alignés sur l’Axe Ankara-Doha – a choisi de s’exprimer.
Par Imed Bahri
Al-Araby, rappelons-le, a été créée en 2015 dans le cadre du soft power qatari sous la férule de l’émir du Qatar et de son conseiller israélo-palestinien Azmi Beshara pour se doter d’une autre chaîne vu que l’audience d’Al-Jazeera a baissé suite à l’animosité qu’elle suscite dans le monde arabe.
L’interview de 25 minutes s’est déroulée dans le bureau de Karoui, rue du Lac Annecy, siège de Qalb Tounes, regorgeant des sculptures de sa sœur Rym Karoui Abdelmoula et vêtu de l’une de ses chemises blanches au large col confectionnée sur mesure chez un couturier italien et d’une large cravate démodée dans les tons du bleu avec des losanges que l’inépuisable affairiste s’est exprimé.
Une belle occasion pour tirer à boulets rouges sur le président de la république Kaïs Saïed, qui l’avait battu à plates coutures lors de la dernière présidentielle et dont l’arrivée au pouvoir n’est qu’une aventure, un homme qui n’a pas de programme (apparemment Karoui n’a pas lu le projet de la Nouvelle construction de M. Saïed, on peut être d’accord ou pas sur ce projet mais il en a un), qui n’est pas rassembleur et fédérateur contrairement à son prédécesseur au Palais de Carthage, Béji Caïd Essebsi et qui rejette les autres sur lesquels il a des a priori défavorables, dit M. Karoui, qui parle ici de lui-même.
Une mauvaise foi légendaire
Deuxième cible du patron de la chaîne Nessma, diffusant illégalement depuis 2014, la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica) qu’il ne supporte pas et qu’il veut mettre au pas avec ses alliés islamistes d’Ennahdha et d’Al-Karama.
Avec sa mauvaise foi légendaire, Karoui estime que les chaînes étrangères sont diffusées en Tunisie sans autorisation alors que les chaînes tunisiennes en ont besoin. Inacceptable, selon l’affairiste. Or tout le monde sait que chaque chaîne diffusant à partir du territoire tunisien et utilisant les signaux tunisiens a besoin d’une autorisation, celles étrangères accessibles en Tunisie ont des autorisations d’émettre dans d’autres pays et elles sont reçues par le téléspectateur tunisien via les satellites comme Nessma quand elle est reçue dans les autres pays n’a pas besoin d’autorisation pour y être reçue, l’autorisation étant exigée seulement par le pays de diffusion.
Toujours la roublardise et le mensonge chez cet affairiste véreux poursuivi dans plusieurs affaires d’évasion fiscale, de corruption financière et de blanchiment d’argent et qui continue de se balader dans les coulisses du pouvoir et même d’imposer ses vues et ses hommes au chef du gouvernement, le «très indépendant» Hichem Mechichi. Allez demander pourquoi à la justice tunisienne, dont on connaît le degré d’«indépendance» !
Quant à son alliance avec les islamistes d’Ennahdha et avec les islamo-populiste d’Al-Karama, ce n’est pas un problème pour le soi-disant moderniste Nabil Karoui, car, argumente-t-il avec une évidente démagogie, il ne serait pas dans une logique électoraliste, ce qui l’intéresse c’est le pays et sa stabilité (on en pleurerait d’émotion), contrairement à Abir Moussi, présidente du parti destourien libre (PDL) qui¸ toujours selon Karoui, pense aux prochaines élections, comme si cela était un crime, sachant que les récents sondages la donnent gagnante elle et son parti.
Dans le camp des normalisateurs
Karoui, qui dans le débat de l’entre-deux-tours des élections présidentielles avait affirmé, pour ne pas paraître un traître, devant le champion de la cause palestinienne Kaïs Saïed, être pour une loi criminalisant la normalisation avec l’«entité sioniste» (terme qu’il avait utilisé par électoralisme), a déclaré hier qu’il ne fallait pas être plus royaliste que le roi, laissant entendre que la normalisation avec Israël ne le gênait pas.
Rappelons qu’Ari Ben Menashe, le lobbyiste israélo-canadien, ancien agent du Mossad, engagé par Karoui la veille des dernières élections, pour faire sa communication aux Etats-Unis et au Canada, est le même engagé par le conseil militaire soudanais qui vient de normaliser les relations entre Khartoum et Tel-Aviv.
Bref, Karoui a bien choisi son camp, celui des normalisateurs, et ce pour soigner son image auprès des Américains et des Européens et faire oublier ses innombrables casseroles.
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