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La Tunisie pourra-t-elle respecter les exigences FMI ?

Dernièrement, le Fonds monétaire international (FMI), l’un des principaux bailleurs de fonds de la Tunisie, a posé clairement, comme condition pour la poursuite de son appui financier à notre pays, des exigences strictes pour la poursuite du plan de réforme économique élaboré par la Tunisie et qui a enregistré un important retard.

Par Atef Hannachi *

Parmi ces exigences, on citera 1- la poursuite des efforts visant à «réduire les subventions à l’énergie qui favorisent de manière disproportionnée les plus aisés», celles-ci représentant près de 45% du budget de subvention, contre 43% pour les produits de base et 13% pour le transport; 2- la réduction de la masse salariale du secteur public «qui est proportionnellement parmi les plus élevées au monde», puisqu’elle représente actuellement 16,6% du PIB et 49% des dépenses du budget de l’État ; 3- l’adoption du projet de loi sur la réforme des retraites «pour améliorer la viabilité financière du système de sécurité sociale», dont le déficit dépasse 3 milliards de dinars; 4- la prise de mesures décisives «pour lutter contre l’inflation, réduire le déficit budgétaire et protéger les pauvres» avec l’augmentation des taux d’intérêt et la libération du dinar face aux devises…

Une marge de manœuvre très réduite

Ces mesures demeurent difficiles à mettre en place en Tunisie, d’autant que la crise sanitaire de la Covid-19 a aggravé la crise économique et creusé le déficit des finances publiques, dans un contexte d’instabilité politique et de recrudescence des agitations sociales dans toutes les régions.

Face à cette situation explosive, la marge de manœuvre du gouvernement est certes très réduite, mais il y a lieu d’agir sur plusieurs axes pour respecter les engagements en matière de réformes.

Pour réduire la masse salariale, l’Etat a intérêt à utiliser la formule de partenariat public privé (PPP) par la création de sociétés dans des secteurs à valeur ajoutée et le transfert d’une partie de la masse salariale à des sociétés comme Steg Energies Renouvelables, créée en 2010, sous ce régime, pour concrétiser la politique nationale relative à la promotion des énergies vertes.

Pour ce qui est du déficit des caisses de sécurité sociale, l’Etat peut mettre en route une réforme des mécanismes financiers des régimes de retraite, et notamment la libération de leurs modes de financement interne et de leurs mécanismes de placement qui restent limités au secteur bancaire.

S’agissant de la réduction des subventions énergétiques, l’Etat a intérêt à accélérer la transition vers les énergies renouvelable et instaurer une nouvelle grille de consommation et de bénéfice des subventions dans ce domaine.

Maîtriser l’inflation sans ralentir l’investissement

Reste le point relatif au taux de change et au taux d’intérêt (fixé actuellement 6,25%, contre seulement 1,5% au Maroc et 2,5 en Jordanie, des pays comparables au nôtre) et, dans ce domaine, la Banque centrale de Tunisie (BCT) a intérêt à rétablir la distinction classique entre les taux d’intérêt applicables aux ménages et ceux applicables aux investisseurs, laquelle distinction permettra de maîtriser un tant soit peu l’inflation (estimé 4,9% en janvier 2021) sans ralentir l’investissement, dont le taux est passé de 24,6% en 2010 à 18,5 % en 2018 et qui, du fait de la crise, continue de piquer du nez. Ce qui rejaillit négativement sur la croissance et l’emploi et hypothèque les chances de relance de la machine économique.

* Expert comptable.

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