Samia Abbou, députée Attayar, a fustigé son confrère, l’avocat Seifeddine Makhlouf, sans le nommer, tout en l’accusant de profiter de son poste de député pour notamment demander des interventions des ministres en faveur de ses clients, entre autres pratiques douteuses. Elle a demandé, dans ce sens, au bâtonnier de l’Ordre national des avocats tunisiens, Brahim Bouderbala, présent à l’Assemblée, ce vendredi 12 mars 2021, de prendre les mesures nécessaires à ce propos.
Lors de son intervention à la plénière consacrée à l’audition du bâtonnier de l’Ordre des avocats, Samia Abbou s’est dit étonnée que des députés, avocats de leur état, se permettent de tels abus, en précisant qu’il est préférable pour un élu de ne pas poursuivre ses activités d’avocats, en dehors des affaires liées à la défense des droits de l’Homme.
Elle a rappelé, dans ce sens, que Seifeddine Makhlouf (sans le nommer), qui défend des affaires pour la plupart liées au terrorisme et à la contrebande, use de son pouvoir de député pour au profit de ses clients, affirme la députée, avocate de son état, tout en soulignant que cela touche à l’égalité des chances entre les avocats.
«Il est inconcevable qu’un avocat défende les affaires de ses clients en dehors des tribunaux. Aujourd’hui, on a des députés qui, avec tout le culot du monde, jouent les avocats au sein même du parlement et c’est un abus de pouvoir qui doit être sanctionné. Monsieur le bâtonnier, je vous demande humblement de prendre les mesures nécessaires à ce propos», a-t-elle dit.
Samia Abbou poursuit: «Si au moins il s’agissait d’affaires de défense de droits de l’homme, on en serait fiers, mais il s’agit d’affaires dont on devrait même éviter de parler. Des affaires dangereuses et suspectes. Donc, en ma qualité de députée, je demande à l’Ordre des avocats à prendre les mesures pour que cela cesse».
La député a également dénoncé que des députés aient profité de cette plénière pour défendre des intérêts particuliers: «Certains ont défendu un avocat accusé de terrorisme (en référence à l’intervention de Makhlouf), d’autres défendent le président de leur parti comme si la campagne menée sur sa chaîne ne suffisait pas (en référence à Nabil Karoui, patron de Nessma TV) et cherchent à influencer la justice…».
On notera que Seifeddine Makhlouf a défendu son confrère Bassem Hamrouni, arrêté dans une affaire terroriste. Il a notamment reproché aux avocats de ne pas l’avoir soutenu et affirmé que Me Hamrouni est victime d’injustice.
«Ils ont torturé un suspect et fabriqué un dossier pour arrêter Bassem Hamrouni. Et s’il est encore en détention, c’est parce que ses confrères ne l’ont pas soutenu», a-t-il accusé…
Cependant, selon la justice, l’avocat en question, qui a fait l’objet d’un mandat de dépôt émis par le juge d’instruction auprès du Pôle judiciaire antiterroriste pour suspicions de liens avec un groupe terroriste est notamment accusé de financer un groupe terroriste et de lui avoir communiqué des informations sécuritaires…
Y. N.
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