La visite de Kaïs Saïed en Libye hier mercredi 17 mars 2021 ouvre la porte, balise le terrain et amorce le dialogue. N’en déplaise aux corbeaux, c’est mission accomplie. Maintenant c’est au gouvernement (que ce soit au niveau de son chef, Hichem Mechichi, des ministères régaliens et des autres ministères dans les différents secteurs) et aux opérateurs économiques de jouer.
Par Chedly Mamoghli *
Les problèmes à débloquer, les dossiers à faire avancer, la coopération à booster et ce, dans tous les domaines ne manquent pas. Le travail avec notre voisin avec lequel nous partageons 459 kilomètres de frontières englobe tous les volets.
D’abord le volumineux volet sécuritaire dans une région déstabilisée et un pays qui commence à peine à sortir du chaos: renseignements, anti-terrorisme, dossiers d’extradition des combattants tunisiens dans les groupes terroristes et de leurs familles, lutte contre le crime organisé avec toutes ses filières, etc.
Le temps perdu ne se rattrape jamais
Ensuite, le volet commercial et tous les problèmes logistiques à débloquer afin de donner plus célérité aux échanges commerciaux. Les problèmes relatifs au transport qu’il soit terrestre, maritime ou aérien ne manquent pas. Le potentiel en matière des échanges commerciaux existe mais par contre pour les contrats de reconstruction, il ne faut pas être naïf. C’est fini, «Elli haj haj welli awa9 awa9», comme dit l’adage bien tunisien («Le temps perdu ne se rattrape jamais»). La Turquie suivie de l’Italie se sont déjà accaparés depuis l’été dernier les gros morceaux, il ne reste plus que les miettes. D’ailleurs même pour les exportations, le marché libyen est inondé de produits turcs.
Autre point majeur, les Libyens ne sont pas naïfs, les indélicats qui viennent saliver et les prennent pour des vaches à lait n’auront rien. Sans parler de la corruption et des commissions qui sont la règle là-bas, les gros prédateurs affairistes sont souvent les décideurs politiques.
Prudence, sérénité et beaucoup de tact
Également, le gouvernement qui a pris les rênes du pouvoir est un gouvernement intérimaire; il restera au maximum jusqu’au mois de décembre et à l’instar du gouvernement Caïd Essebsi en 2011, sa mission est d’organiser des élections d’ici la fin de l’année. Autant dire que la tâche s’annonce ardue et ne sera en rien une partie de plaisir.
Par conséquent, le dialogue est amorcé, le terrain est balisé mais il faut s’y prendre avec beaucoup de prudence, de sérénité, sans illusion et avec beaucoup de tact.
Nous espérons également voir Kaïs Saïed le plutôt possible en Égypte, colonne vertébrale du monde arabe. Il est président depuis presque un an et demi, il est grand temps de se rendre au Caire. De même que pour l’Afrique subsaharienne et l’Afrique de l’Ouest. Sur le plan diplomatique, il faut accélérer le rythme et être dynamique sur plusieurs fronts à la fois.
* Juriste.
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