Tunisie : Kaïs Saïed en campagne électorale à l’Ariana

Aucune date n’a encore été fixée pour la prochaine élection présidentielle, censée se tenir en 2024, date à laquelle le mandat de Kaïs Saïed devrait s’achever légalement, mais cela n’empêche pas le président de la république de mener une campagne électorale qui ne dit pas son nom, en multipliant les bains de foule, et les promesses lénifiantes à une population écrasée par la crise.

Par Imed Bahri

C’est dans ce cadre que l’on peut situer la «visite inopinée» effectuée par le président hier soir, mercredi 23 août 2023, dans la ville de l’Ariana, où il a visité, entre autres, le marché de la ville et ses environs, écoutant les doléances d’un certain nombre de citoyens, qui n’ont pas manqué de se plaindre de la cherté de la vie et des pénuries des matières de première nécessité. Et de se faire servir la litanie habituelle du président sur «les spéculateurs qui veulent affamer le petit peuple».

Le président a certes expliqué aux marchands ambulants dont les étalages encombrent la chaussée et empêchent la circulation des voitures et des piétons, mais on n’a pas l’impression que son discours a été vraiment entendu par ses interlocuteurs, et on doute fort que ce discours sera suivi de décisions concrètes pour débarrasser les rues de l’Ariana et des autres villes du pays de cette population qui n’a pas d’autre moyen pour survivre, car le président fonde sa campagne électorale permanente sur un slogan majeur : défendre le petit peuple contre les riches voleurs.

Le fait que cette visite, pas si «inopinée» que cela, ait eu lieu quelques jours après la campagne menée, dimanche dernier, par la municipalité de l’Ariana, pour éliminer les étalages illégaux des vendeurs ambulants à proximité du marché municipal de la ville, laisse penser que le président a clairement choisi son camp, celui des «zwawla», qu’il a inondés de propos lénifiants, contre les responsables municipaux mis à l’index par la même occasion. Les caméras de la présidence de la république se sont d’ailleurs beaucoup attardées sur les amas d’ordures jonchant les rues. Et le président d’y aller de son coup de griffe habituel contre les responsables locaux.

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