Adieu Mounira Chapoutot, tu nous manqueras beaucoup !

C’est une grande figure des lettres qui nous a quittés dimanche 22 septembre 2023 après un long combat contre la maladie. Mounira Chapoutot née Remadi était une historienne de renom qui a formé plusieurs générations de ses collègues ayant exercé à l’université tunisienne et à l’étranger.

Spécialiste de l’histoire du moyen-âge, la défunte a fait tout son cursus en langue française, en Tunisie et en France, avant d’apprendre l’arabe pendant deux ans en Syrie pour pouvoir se spécialiser dans l’étude du moyen-âge (ou de la période classique) islamique et particulièrement l’histoire d’Ibn Khardoun dont l’œuvre a fait l’objet de plusieurs de ses écrits, selon le témoignage de son ancien élève et ex-collègue Abdeljalil Bouguerra.

Mounira Chapoutot Remadi était membre du conseil scientifique de l’Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts Beit Al-Hikma et dirigea longtemps la section des sciences humaines et sociales à la Faculté du 9-Avril à Tunis (future Faculté des lettres, des arts et des humanités après son transfert à la Manouba). Elle fut aussi membre de plusieurs jurys de prix scientifiques et littéraires, notamment du Prix Comar du roman tunisien pendant plusieurs années, car en plus de sa vocation académique, elle était également une fine lectrice dotée d’une grande connaissance des littératures du monde. Elle reçut elle-même plusieurs distinctions, décorations et prix dont, sans doute le plus cher à son cœur, celui d’Ibn Khaldoun pour le développement des études et recherches en sciences humaines et sociales en Méditerranée, en 2016.

Tahar Bekri : «Une lampe dans la nuit éternelle»

Plusieurs des anciens amis et collègues de la défunte se sont exprimés hier soir sur sa mort dans des postes sur les réseaux sociaux, notamment le poète, écrivain et universitaire Tahar Bekri, qui a écrit : «Les années soixante-dix à l’Université de Tunis me reviennent. Présente, engagée, lucide et vraie démocrate, l’Histoire bonne conseillère. Je l’avais au téléphone ces derniers mois, elle préparait un album sur Azzedine Guellouz. Nos discussions pouvaient durer longtemps, avec sa grande culture, ses connaissances précises, historiques et culturelles. Toujours aimable, attentive, courtoise, ouverte moderniste, progressiste, sans excès. Nos avons bien des amis communs et des souvenirs en partage. Membre de l’Académie Beit al Hikma, elle souhaitait me faire inviter, littéraire elle était, membre du jury Comar. Femme des lumières, femme de lumière, toujours entre deux projets, contrariée parfois. Professeur, beaucoup furent ses étudiants, beaucoup lui sont reconnaissants.» et de conclure : «Je perds une amie nouvelle, connue depuis longtemps, que la paix soit douce à son âme, à son époux, leur fils et leur fille mes condoléances émues, compassion et consolation, aux siens et aux nôtres, ses écrits pour guider l’esprit, son souvenir comme une lampe dans la nuit éternelle.»

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