L’économie tunisienne continue de couler et rien ne semble être fait pour la sauver. Est-elle, d’ailleurs, réellement gérée, et si oui dans l’intérêt de qui ?
Par Ezzeddine Saidane *
Les chiffres sont là. Les indicateurs continuent de se détériorer. Et franchement nous ne voyons rien qui se fait pour sortir l’économie tunisienne de sa situation grave. Et qui s’aggrave de jour en jour. Qui a dit que l’année 2017 va être l’année du décollage ?
1- Le déficit de la balance commerciale: 6,5 milliards de dinars pour les 5 premiers mois de 2017. Un niveau jamais atteint auparavant. Un record absolu. Une aggravation de plus de 26% par rapport à la même période de l’année dernière. Plus du quart de ce déficit avec la Chine. Nous sommes en droit de nous poser cette question posée par un ancien chef de gouvernement (Hamadi Jebali, Ndlr): où est le gouvernement? Les affaires de la Tunisie sont-elles gérées, et si oui dans l’intérêt de qui ? Il est clair que la dépréciation violente du dinar, la monnaie nationale, et la double augmentation du taux d’intérêt n’ont rien arrangé. Les importations n’ont pas décéléré, et les exportations ne reprennent pas. La politique monétaire est-elle devenue stérile à ce point? Où sont ceux qui nous ont toujours accusés de dresser un tableau noir chaque fois que l’on a proposé une analyse objective de la situation de l’économie et des finances publiques tunisiennes.
2- La dette publique continue à gonfler. Elle a dépassé la borne de 60 milliards de dinars. Oui vous avez bien lu, elle a dépassé la borne de 60 milliards de dinars, représentant ainsi plus de 63% du PIB, sans compter les engagements de l’État en faveur des entreprises publiques qui connaissent des difficultés majeures. En outre, la structure de cette dette publique est en train de changer, en ce sens que la Tunisie voit sa dette extérieure augmenter plus vite que sa dette intérieure. La dette extérieure passe en effet de 66% du total de la dette publique à plus de 70%. Plus grave encore, le service de la dette (remboursements de l’année ou de la période en principal et intérêts) explose littéralement: + 50 % entre le 10 juin 2016 et le 10 juin 2017. La Tunisie a en effet remboursé depuis le début de l’année plus de 3 milliards de dinars au titre de la dette extérieure.
3- Le dinar continue de chuter. Entre mai 2016 et mai 2017, la monnaie tunisienne a baissé de 19,7% contre le dollar et de 17,2% contre l’euro. La baisse du dinar est encore plus violente depuis le début de l’année: 13,6% contre l’euro. Les Tunisiens (pas tous évidemment) s’appauvrissent à un rythme accéléré.
4- Entre-temps, la planche à billets s’emballe. Le refinancement de la Banque centrale de Tunisie (BCT) a en effet atteint un nouveau record: 9,6 milliards de dinars injectés par la BCT pour maintenir le système bancaire à flot en termes de liquidité.
Nous ne faisons pas qu’analyser la situation, en tirant la sonnette d’alarme chaque fois. Nous avons proposé des solutions à plusieurs reprises. Mais nous continuons à poser la question: l’économie tunisienne est-elle réellement gérée, et si oui dans l’intérêt de qui ?
* Expert financier, Directway Consulting.
** Le Titre est de la rédaction.
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