En dépit des fanfaronnades irréalistes à la limite du ridicule, à Bruxelles, Paris et Londres, et en l’absence du parapluie sécuritaire américain, en voie de leur être retiré par Donald Trump, les Européens doivent changer radicalement de paradigme stratégique. Ils ne pourront plus désormais se permettre de tourner le dos à la Russie ou l’antagoniser. Pour construire une nouvelle architecture européenne de sécurité, ils doivent désormais considérer les Russes comme partenaires et non comme adversaires. Et pour cela, c’est le mur d’une méfiance historique qui doit tomber.
Elyes Kasri

La comptabilisation de l’assistance militaire et financière accordée par la précédente administration Biden à l’Ukraine, estimée par le nouveau président Trump à 350 milliards de dollars en vue de la garantie de son remboursement, ainsi que l’insistance de l’administration Trump à accorder une haute priorité à la publication de tous les documents relatifs au scandale du magnat Jeffrey Epstein, suicidé en prison à New York à la suite de son arrestation pour avoir dirigé un réseau de prostitution pédophile à l’intention de hautes personnalités américaines et étrangères (y compris le Prince Andrew de Grande Bretagne), font trembler l’establishment et l’Etat profond américains ainsi que les milieux sionistes à travers le monde.
L’assistance phénoménale à l’Ukraine et le souhait de nombreux cercles occidentaux de faire durer indéfiniment la guerre contre la Russie montrent de sérieux signes de corruption, de détournements et de commissions qui font que seule une fraction de cette aide arrive en Ukraine comme ne cesse de le crier Volodomyr Zelensky lui-même.
Un pavé dans la mare
De son côté, le scandale Epstein, qui a tout l’air d’une opération du Mossad israélien pour compromettre et faire chanter de hautes personnalités américaines et internationales dans tous les domaines, risque de démasquer les pratiques israéliennes et l’une des raisons de l’emprise israélienne sur l’appareil politique et les cercles d’influence américains et européens.
On a beau reprocher au président Trump son caractère flamboyant et son ton cassant, n’empêche qu’il s’apprête, au risque de sa vie, à jeter un pavé phénoménal dans la mare glauque de l’État profond américain et occidental et son allié et probablement même son marionnettiste, le sionisme international.
Pour ce qui est de l’Europe, et après s’être laissé intoxiquer par la verve hallucinatoire des néoconservateurs et l’illusion de l’empire millénaire de l’unilatéralisme américano-globaliste, elle a beaucoup de peine aujourd’hui à remettre les pieds sur terre et à prendre conscience que les Etats-Unis d’Amérique ne veulent plus de ce statut impérial et préfèrent recentrer leur énergie sur leur front intérieur et accessoirement la zone Asie-Pacifique.
Ayant progressivement démantelé ou réduit son industrie militaire et sans le parapluie sécuritaire américain notamment le réseau de communication Starlink, les F16, les batteries Patriot et l’illusion de la défense collective otanienne, l’Europe devra reprendre rapidement ses esprits et changer de paradigme stratégique avec une révision fondamentale de sa doctrine sécuritaire et un retour à une Europe européenne ou comme l’a prémonitoirement dit le général De Gaulle une «Europe de l’Atlantique à l’Oural».
Fanfaronnades irréalistes
En dépit des fanfaronnades irréalistes à la limite du ridicule, à Bruxelles, Paris et Londres et en l’absence du parapluie sécuritaire américain, l’Europe ne pourra désormais plus se permettre de tourner le dos à la Russie ou l’antagoniser. Elle devra se résoudre à engager avec l’ours russe un dialogue dénué d’arrière-pensées atlantistes et néoconservatrices désuètes afin de construire une nouvelle architecture européenne de sécurité et de coopération avec des Russes partenaires et non pas adversaires.
Si elle veut rester un acteur international pertinent, l’Europe devra mettre sur pied une nouvelle OSCE (organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) épurée des arrière-pensées de l’époque post guerre froide, en assumant pleinement le décalage des rapports de force technologique, industrielle et militaire avec la Russie et la zone Asie-Pacifique ou se condamner à une confrontation ou au mieux à une nouvelle guerre froide qui ne pourra avoir pour dénouement que l’accélération de sa décadence et son insignifiance sur l’échiquier international.
* Ancien diplomate.
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