Badra Gaaloul, présidente d’un centre fantôme, dont on ignore tout, et qui se présente comme experte en affaires sécuritaires et militaires, surfe sur l’attaque terroriste perpétré hier, dimanche 8 juillet 2018, pour défendre les intérêts des parties qui l’emploient.
Par Yüsra Nemlaghi
Quelques heures après le décès de 6 gardes nationaux dans l’attentat terroriste de Ghardimaou (Jendouba), Badra Gaaloul se pavane de plateau télévisé en plateau télévisé et de studio de radio en studio de radio pour dire qu’elle a alerté les autorités sur cette attaque mais que celles-ci n’ont pas réagi à ses alertes.
C’est à croire qu’elle est en contact permanent avec les jihadistes cachés dans les montagnes du nord-ouest tunisien ou qu’elle possède des équipements hyper-sophistiqués qui interceptent leurs appels…
Et, pour arriver vite au but de la manœuvre cousue de fil blanc, Mme Gaaloul a cru bon ajouter que les terroristes ont pu agir grâce au limogeage de l’ex-ministre de l’Intérieur, Lotfi Brahem, car ils ont profité du manque d’expérience de son ex-collègue qui assure l’intérim, le ministre de la Justice Ghazi Jeribi.
Colporteuse de rumeurs lues sur Facebook.
Badra Gaaloul se présente comme présidente d’un bien fantomatique Centre international des études stratégiques sécuritaires et militaires (CIESS, excusez du peu!), qui n’a ni adresse, ni numéro de téléphone, ni site web et n’a publié, à ce jour, aucun rapport, ni n’a jamais employé des chercheurs connus et identifiables. On ne sait même pas si son illustre présidente a des diplômes (puisqu’elle se présente comme Docteure) et dans quelle spécialité. En tout cas, il suffit de l’entendre parler, pour comprendre qu’elle ne possède aucune épaisseur intellectuelle ni aucune rigueur académique. Elle serait, au mieux, une très mauvaise journaliste colporteuse de rumeurs lues sur Facebook.
Le fameux CIESS n’existe qu’à travers une page Facebook entièrement dédiée à diffuser les activités médiatiques de Mme Gaaloul, laquelle a profité du drame national de Ghardimaou pour sortir de son trou, se rappeler à notre souvenir et se lâcher complètement, comme une affamée, sur les plateaux de télévision et les studios des radios, au point de se mettre à dire des stupidités. Mais là où elle se démasque elle-même et abat ses cartes, c’est lorsqu’elle s’est mise à défendre Lotfi Brahem (c’est, paraît-il, le départ de ce dernier qui, à l’entendre, est la cause du retour du terrorisme en Tunisie !)
On se rappelle, à ce propos, le flop du sit-in du salut, organisé fin juin dernier par les partisans de Lotfi Brahem, qui a réuni une poignée d’activistes inconnus, venus appeler au départ de Youssef Chahed, sit-in que Mme Gaaloul a soutenu avec force, ce qui est pour le moins surprenant voire choquant de la part d’une femme qui se targue d’être une académicienne.
Une groupie de Lotfi Brahem
Qui est au juste cette femme ? De quoi vit-elle ? Qui finance son centre ? Pour qui roule-t-elle?, sachant qu’on la dit proche d’un homme d’affaires et lobbyiste très connu, qui est, lui aussi, simple coïncidence sans doute, l’un des fervents défenseurs du même… Lotfi Brahem.
Quand on met tous ces éléments l’un à côté de l’autre, on comprend pourquoi cette femme a profité (et c’est le cas de le dire) du drame de Ghardimaou pour se faire inviter par des médias audiovisuels, déverser son venin sur le chef du gouvernement, ses ministres, notamment Ghazi Jeribi, et les hauts cadres sécuritaires nommés après le départ de Brahem.
Cette manière d’utiliser le sang des sécuritaires victimes du terrorisme pour régler des comptes politiques sordides a quelque chose d’écœurant, mais pas pour cette femme qui n’est pas ce qu’elle dit, qui avance masquée et qui loue ses maigres services pour des marionnettistes qui ont fait tant de mal au pays dans le passé et qui continuent de sévir très courageusement à l’ombre de la république.
La gravité des accusations portées par Mme Gaaloul aux institutions sécuritaire et militaire devrait normalement pousser le ministère public à la convoquer et à lui demander d’en fournir les preuves. Si elle dit vrai, les responsables de l’armée et de la sûreté nationale devraient répondre de ce manquement. Sinon, c’est madame «l’experte» qui devra être poursuivie pour fausses accusations et atteinte à la sûreté nationale.
Rappelons que Badra Gaaloul, qui ne se doute de rien et a de l’ambition à en revendre, avait présenté, en 2014, sa candidature à la présidence de la république (mon Dieu ce qu’on a pu rater !), mais elle n’a pu obtenir les 10.000 signatures nécessaires.
Par ailleurs, Mme Gaaloul, qui aime qu’on parle d’elle et dont la biographie est désespérément maigre, a prétendu, en mars 2017, avoir été victime d’une tentative d’assassinat dont elle a pu échapper par miracle… Cependant, il n’a pas fallu un miracle pour les enquêteurs pour découvrir qu’elle a inventé toute cette histoire. En réalité, les détonations qu’elle a entendues en montant dans sa voiture devant chez elle sont des bruits de pétards lancés par des gamins…
Décidément, comme Jeanne d’Arc, Badra Gaaloul… entend des voix.
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