Tunisie | Qui est l’illustre M. Ben Hammoud ?

L’ingénieur pétrochimiste Ali Ben Hammoud, que le président Kaïs Saïed a rencontré, samedi 8 novembre 2025, au palais de Carthage, et qu’il a chargé de «constituer une équipe de travail afin de mettre en œuvre rapidement des solutions immédiates, en attendant des solutions stratégiques à long terme», au problème de la pollution industrielle à Gabès et dans tout le pays, fait jaser dans les réseaux sociaux. Et pour cause…

Latif Belhedi

Présenté comme diplômé en industrie chimique de l’Université de Shanghai, en République populaire de Chine, beaucoup de ses pairs disent qu’ils ne le connaissent pas, qu’il est totalement inconnu au bataillon et qu’ils n’ont pas retrouvé, sur les sites spécialisés, la trace de la moindre recherche en chimie industrielle dont il serait l’auteur.

Totalement inconnu au bataillon

En tout cas, dans les moteurs de recherche sur Internet, son nom est quasiment absent. Peut-être le retrouve-t-on sur les sites en langue chinoise. Mais quoi qu’il en soit, les autorités qui vont le charger de chapeauter une équipe d’experts pointus, seraient bien inspirés de dissiper ces doutes en rendant publiques, avec des preuves indiscutables, une biographie ou un simple CV de celui dont le président de la république «a salué le dévouement sans faille et le sens aigu des responsabilités nationales», selon le communiqué de la présidence de la république.

Le communiqué précise, par ailleurs, que M. Ben Hammoud, «sollicité par l’appel du devoir pour remédier à la situation environnementale à Gabès», a «répondu présent sans hésiter». C’est dire l’importance du monsieur ! Et on peut donc imaginer que ceux qui ont sollicité ses services lui connaissent des travaux importants en matière d’assainissement environnementale ou de modernisation d’usines chimiques pour réduire leurs rejets toxiques. Parce que c’est ce qu’on attend de lui, et pas des dissertations sur le sujet.

A la recherche de l’oiseau rare

Sur un autre plan, on comprend que Kaïs Saïed, qui est engagé, avec «l’ensemble du peuple tunisien dans la lutte de libération nationale sur tous les fronts, face aux différents réseaux de corruption et à ceux qui, se faisant passer pour des réformateurs, [et qui] contribuent en réalité à la destruction et au gaspillage des fonds publics. Leurs objectifs, désormais avoués, sont de s’accaparer les richesses, les institutions et les infrastructures publiques du pays», selon le texte du communiqué du Palais de Carthage…

On comprend donc que M. Saïed soit tenté de chercher les «oiseaux rares» dont il a besoin pour les grandes missions publiques en dehors de l’establishment qu’il chapeaute pourtant et dont il est, théoriquement du moins, le premier responsable.

On n’ose cependant pas imaginer qu’il ait fait appel, pour une mission aussi cruciale, à un illustre inconnu dont beaucoup doutent de la compétence et de l’expérience et qui risque de ne pas être à la hauteur de la tâche. Des clarifications, donc, s’imposent…

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