La Confédération africaine de football (CAF) a commis une erreur de procédure en décidant de faire rejouer la finale retour de la ligue des champions entre l’Espérance sportive de Tunis (EST) et le Wydad Athletic Club (WAC). Laquelle décision est annulée, pour vice de forme, par le Tribunal arbitral du sport (TAS). Mais deux mois après, la confusion joue encore la prolongation.
Par Hassen Mzoughi
Désormais, la balle est dans le camp de la CAF qui décidera dans les prochains jours de la suite à donner à cette «affaire». Mais encore un camouflet pour la CAF !
Le TAS, haute juridiction sportive indépendante basée à Lausanne, considère comme nulle la décision de la CAF de faire rejouer cette seconde manche.
En effet, la procédure veut que la décision concernant cette finale-retour devait émaner d’abord du comité des compétitions, avant de la porter devant le comité exécutif pour approbation, afin qu’elle soit juridiquement correcte et applicable. Ahmed Ahmed et ses collaborateurs, pour la plupart des juristes, ont procédé à l’encontre des statuts de leur organisme !
Le Conseil exécutif (CE) s’était en effet auto-saisine d’une affaire qui n’était pas de son ressort, sans étudier toutes les options possibles, pour décider en urgence, le 5 juin à Paris, de faire rejouer sur terrain neutre, la finale retour. Il pensait naïvement que les deux clubs allaient accepter sa décision sans broncher.
L’EST n’est pas encore champion !
Par sa décision, le TAS lui renvoie donc le dossier pour remettre les choses dans l’ordre. Si le tribunal n’a pas désigné de vainqueur, il a en revanche d’ores et déjà débouté le Wydad de ses demandes (être désigné vainqueur et empocher la prime), tandis que celles de l’Espérance seront examinées ultérieurement (être déclaré champion).
Il faudra tout de même que les organes compétents de la CAF, auxquels le TAS a renvoyé la balle, décident d’en rester là, et de ne pas opter à nouveau pour le match retour à rejouer.
Etant donné l’imminence de la reprise de la Ligue des Champions (avec le coup d’envoi de l’édition 2019-2020 fixé au week-end du 9-11 août), on voit mal l’instance africaine prendre le risque de maintenir la même décision de faire rejouer le match, avec de nouveaux recours devant le TAS. La CAF pourra en revanche prononcer une sanction disciplinaire contre l’un des deux clubs, déclaré perdant sur tapis vert, et dans ce cas le sort de la finale est réglé. Mais la CAF pourrait éventuellement saisir en interne l’instance compétente qui pourra décider de faire rejouer le match. Rien n’est encore fait!
Le TAS suggère à la CAF de ne pas répéter la même erreur !
Le TAS, sans prendre la décision de désigner le vainqueur de la Ligue des champions, s’est réservé le droit d’examiner toute décision rendue par le Comité des compétitions, ce qui signifie que ce comité sera obligé de se conformer à ses directives.
Mettant la pression sur la CAF, le tribunal veut-il lui «suggérer» de déclarer l’Espérance vainqueur de la Ligue des champions, en lui signifiant, entre les lignes, qu’elle devrait éviter de commettre une nouvelle erreur, celle de confirmer la décision de faire rejouer quand même le match en question ?
Deux mois après le match électrique disputé à Tunis, la confusion joue la prolongation. Il faudra encore patienter avant de connaître l’issue de cette affaire rocambolesque qui empoisonne l’image du continent africain.
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