Une fois de plus, le chef de gouvernement désigné par Ennahdha, Habib Jemli, est sorti aujourd’hui devant les médias pour répéter que l’équipe de «compétences indépendantes » qu’il a formée a toutes les chances d’obtenir l’aval de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), vendredi prochain, et que, de toutes façons, «le pays ne peut plus attendre»…
Par Marwan Chahla
Pouvait-il en être autrement de la part d’un homme que personne n’attendait, disposant de moyens personnels limités et qui a consacré près de deux mois de sa vie à éplucher des centaines de CV, à tenir, jours et nuits, consultations sur consultations, à écouter avis sur avis d’experts, à déclarer ses certitudes et leurs contraires… ?
La classe politique autour de lui a eu beau être en ébullition, les partis et les blocs parlementaires sont en pleine effervescence et même son commanditaire islamiste Ennahdha ne sait plus vraiment quoi faire de lui ou pour lui, mais Habib Jemli espère que l’épreuve clé à laquelle il sera soumis vendredi 10 janvier 2020 se passera bien. «Je suis persuadé que, lors de la plénière de l’Assemblée des représentants du peuple, mon équipe et moi obtiendrons la confiance du nombre suffisant de députés», a-t-il déclaré aujourd’hui.
Dans un sursaut de dernière minute, il prend l’opinion publique à témoin en lançant que «le pays a trop attendu et d’énormes dossiers doivent de toute urgence trouver des réponses», appelant les partis, toutes tendances confondues, «de placer les intérêts de la Tunisie au-dessus de toutes les autres considérations», oubliant, au passage, que sa personne et plusieurs des membres de l’équipe qu’il a choisis ne font l’unanimité –loin s’en faut.
A droite, à gauche et au centre, les rangs se serrent et de nouvelles alliances sont en train de se former pour le faire chuter et Habib Jemli est le dernier à se douter que son avenir est loin, très loin, de dépendre de lui…
Dans cette dernière sortie médiatique, il laisse tout de même entendre qu’«il y aurait possibilité d’apporter quelques rectifications...»
Trop tard, maintenant, et il s’agit de bien plus que «quelques rectifications.» Ce sont toute la démarche nahdhaouie et toute la copie Jemli qui sont à revoir.
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