Cet homme conjugue l’inconscience à l’irresponsabilité : il est l’exemple même du dirigeant politique qui se croit au-dessus des lois et qui commet les dépassements et les abus avec un sans gêne absolument effarant. Nous parlons, vous l’avez compris, de Rached Ghannouchi, le président du parti islamiste Ennahdha et, accessoirement, de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).
Par Imed Bahri
La semaine dernière, Rached Ghannouchi a effectué un voyage de 48 heures à Doha, au Qatar, pour une «mission partisane», comme l’a expliqué Noureddine Bhiri, qui aurait été, disent ses sbires, couronnée de succès, alors qu’il n’a été reçu par aucun responsable de ce pays. Radwan Masmoudi, son autre lieutenant, parle d’un financement qatari de 2 milliards de dollars (excusez du peu !) et d’autres cadeaux amicaux à la Tunisie que le «cheikh» aurait ramenés dans ses valises. Ce qui, bien entendu, reste à confirmer, la désinformation et le mensonge étant devenues une culture de survie chez les dirigeants islamistes, principaux responsables de la faillite de la Tunisie au terme d’une décennie à la tête de l’Etat et dans tous ses rouages, comme un malin cancer.
Un comportement qui dénote un haut degré d’irresponsabilité
En plus de voyager secrètement, alors qu’il est tenu d’informer le bureau de l’Assemblée et, à travers lui, l’opinion publique, de tous ses mouvements et, notamment, de ses voyages et «missions» à l’étranger, Rached Ghannouchi s’est comporté, dès son retour en Tunisie, d’une manière qui dénote un haut degré d’irresponsabilité.
Contrairement à des milliers de Tunisiens et de Tunisiennes de son âge, l’homme a certes été vacciné contre la Covid-19, mais cela ne lui épargne pas l’obligation d’observer une semaine de confinement total chez lui, afin d’éviter de contaminer les autres, au cas où il aurait attrapé la saleté lors de son voyage. C’est ce que le cheikh n’a pas fait, se permettant de sortir et d’avoir des activités publiques dès le lendemain de son retour, au moment où la pandémie connaît une grave recrudescence dans le pays, où le système de santé publique est au bord de la rupture et où le gouvernement décrète un confinement général du 9 au 16 mai 2021, dans l’espoir de briser la chaîne de contamination, décision qui, soit dit en passant, est contestée et outrepassée par des dizaines de milliers de citoyens aux quatre coins du pays, au prétexte qu’ils ont besoin de travailler pour survivre.
Dans cette atmosphère de désobéissance civile où vit la Tunisie depuis quelques jours, et qui risque d’aggraver la pandémie, le comportement de Rached Ghannouchi apparaît comme absolument irresponsable : le cheikh, qui est un haut responsable de l’Etat, est censé donner le bon exemple par son comportement, mais il fait exactement le contraire de ce qui est attendu de lui.
Tels dirigeants, tels citoyens…
Comme pour aggraver son cas et confirmer ce sentiment d’être au-dessus des lois de la république qui caractérise souvent ses faits et gestes, Rached Ghannouchi a poussé l’inconscience jusqu’à aller à la mosquée de la cité Ettadhamen, à l’Ariana, pour assister à la prière des Tarawih, comme si cela était d’une impérieuse nécessité, alors qu’on a tous compris que cette activité inédite chez lui (il n’a pas l’habitude de faire la prière des Tarawih dans des endroits publics) s’inscrit dans la guéguerre qu’il livre au président de la république Kaïs Saïed, qui a fait la même prière dans le même endroit une semaine auparavant. Là, l’irresponsabilité se double de l’une sorte de vanité toute infantile. Il voulait dire à peu près ceci au chef de l’Etat : «Moi aussi je suis capable de faire la prière au milieu des fidèles, qui plus est, dans un quartier populaire réputé chaud». Difficile de tomber plus bas…
Poursuivant sur sa lancée suicidaire, Rached Ghannouchi a aussi assisté, hier, dimanche 8 mai, à Kasserine, parmi une foule éplorée, aux funérailles d’un membre d’Ennahdha Ahmed Khelifi, décédé par… la Covid-19 à Bonn, en Allemagne, où il résidait depuis un demi-siècle. Ce qui a fait écrire au Dr Samir Abdelmoumen, ce post indigné sur sa page Facebbok : «Quand le chef du gouvernement interdit les déplacements entre les villes et les rassemblements sur la voie publique, Rached Ghannouchi participe à des funérailles au milieu de centaines de personnes. Comment voulez-vous que le simple citoyen respecte des mesures qui l’appauvrissent, l’affament et ne s’appliquent finalement qu’à lui ? Un Etat dont la loi ne s’applique qu’aux plus pauvres parmi ses citoyens n’est pas digne de respect».
Le médecin urgentiste, qui lutte avec ses collègues contre la Covid-19 depuis plus d’une année dans les conditions difficiles que l’on sait, aurait bien pu ajouter que l’Etat incarné par Rached Ghannouchi et sa smala d’irresponsables ne sera jamais respecté. La preuve : les manifestations qui se multiplient un peu partout dans le pays pour protester contre les mesures sanitaires décrétés par Hichem Mechichi et son gouvernement à la solde des islamistes et de leurs alliés et obligés.
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