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Protestation sociale : Jusqu’où peut aller le Front ?

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Face à un pouvoir aux abois et au bilan socio-économique très mitigé, le Front populaire fait monter la pression de la rue. Un nouveau bras-de-fer à l’issue incertain.

Par Salah El-Gharbi

Lundi matin, les députés du Front populaire (FP, coalition de gauche) ont organisé une conférence de presse pour lancer «un avertissement au gouvernement contre toute utilisation de la force visant à mater les mouvements sociaux».

Cet avertissement, appuyé, en début d’après-midi, par Ammar Amroussia sur les ondes d’une radio privée, vient à la suite des événements de samedi au cours desquels les forces de l’ordre sont intervenues pour stopper une manifestation non-autorisée, conduite par l’Union générale des étudiants de Tunisie (Uget, syndicat proche du FP). Dans son intervention radiophonique, le représentant du Parti des ouvriers, membre du FP, va même jusqu’à accuser le gouvernement de vouloir museler les libertés. «C’est le retour de l’Etat policier», conclut-il.

Cette escalade verbale des «frontistes» traduit la volonté, de plus en plus prononcée, du Front, et précisément de son aile radicale, d’en découdre avec le pouvoir en place. Aidés par une presse complaisante, qui cherche à les ménager de peur d’être accusée de servilité, les cadres de cette coalition jouissent de larges tribunes qui leur permettent de se présenter, à la fois, comme défenseurs des libertés et de la justice sociale et comme victimes d’un «pouvoir répressif».

En réalité, à travers cette posture politique, le FP, qui n’arrive pas à décoller sensiblement dans les sondages, chercherait à fidéliser sa clientèle électorale en radicalisant aussi bien ses positions que son discours et en durcissant ses actions (sit-in au bassin minier de Gafsa, dans l’île de Kerkennah…).

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Cette tendance s’est traduite à travers les événements de samedi au cours desquels des députés du Front, appartenant au , se sont mêlés aux manifestants, narguant les forces de l’ordre, ce qui constitue un tournant dans l’escalade face à un gouvernement aux abois, tenté d’utiliser les moyens forts, mais craignant de provoquer des réactions négatives, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur.

En l’absence de réalisations concrètes sur le front économique et social, et notamment ceux de l’investissement et de l’emploi, le recours à la répression policière tout azimut pourrait donner du crédit aux accusations, jusque-là outrancières, de Ammar Amroussia et autres dirigeants du Front.

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