Le Marocain soupçonné d’être impliqué dans l’attaque contre le musée du Bardo, n’y serait pour rien, soutient le maire du village italien où il résidait.
Par Marwan Chahla
Le mystère autour de Abdelmajid Touil, le migrant illégal marocain suspecté d’être impliqué dans le massacre du musée national du Bardo, 18 mars dernier, s’est épaissi: l’on ne arrive pas à déterminer, avec certitude, les déplacements de ce jeune homme depuis son sauvetage, avec 90 autres rescapés, par les gardes de côtes italiens, un mois avant l’attaque qui a coûté la vie à 22 personnes.
L’Associated Press a rapporté, jeudi 21 mai 2015, que Abdelmajid Touil se trouvait en Italie avant et après le massacre du 18 mars. Le maire de Trezzano sul Naviglio, Fabio Bettero, a déclaré que Touil a été porté présent à deux reprises, les 16 et 19 mars 2015, à ses cours d’italien.
Abdelmajid Touil a été arrêté, mardi dernier, chez sa mère à Gaggiano, dans les environs de Milan, sur la base d’accusations – portées par les autorités antiterroristes tunisiennes ayant émis un mandat d’arrêt international contre lui – qu’il a comploté et participé à l’attentat du Bardo.
Mardi 19 mai 2015, le ministre italien de l’Intérieur Angelino Alfano a insisté, en réponse aux parlementaires, qu’il n’y avait «aucun doute terroriste» qui planait autour de la personne de Abdelmajid Touil le jour de son arrivée en Italie, le 17 février dernier, en compagnie de 90 autres migrants illégaux.
Alfano a assuré, devant les députés pressants, que les mesures d’usage ont été appliquées, c’est-à-dire que les empreintes digitales et des photos de Abdelmajid Touil ont été prises. «Lorsqu’il a atteint le sol italien, il n’y avait aucune raison de s’inquiéter à son sujet: pour nous, il n’était même pas un terroriste potentiel, et encore moins une personne dangereuse pour la sécurité de notre pays.»
Certains médias italiens «ont lavé» Touil de tout soupçon en rapportant, par exemple, qu’il n’a jamais été vu dans aucune mosquée de la région où il résidait et que, lors de leurs fouilles mardi, les enquêteurs n’ont pas trouvé de Coran dans son domicile.
Angelino Alfano a déclaré qu’après son arrestation Abdelmajid Touil a accepté de se soumettre à un test ADN.
A Tunis, le porte-parole du ministre de l’Intérieur, Mohamed Ali Aroui, insiste que Abdelmajid Touil «est bien l’homme que nous recherchons. Il n’y a aucun doute là-dessus. Nous tentons, à présent, de coordonner avec les autorités italiennes pour que le suspect soit extradé.»
La mère de Touil, Fatima, est plus que catégorique. Dans des déclarations au quotidien »Corriere della Sera » et d’autres journaux, elle assure que, le jour de l’attaque contre le musée du Bardo, elle a regardé avec lui les reportages télévisés sur l’attentat et que son fils n’a jamais quitté Gaggiano, depuis son arrivée.
Ceci dit, qu’il ait pu être physiquement ou non à Tunis le jour de l’attentat est, en réalité, assez secondaire, puisque la police tunisienne ne le soupçonne pas d’avoir participé directement à l’attentat, mais d’y avoir aidé, probablement avant de partir en Italie. Il aurait fait passer de la Libye vers la Tunisie les armes utilisées dans l’attentat, selon un responsable sécuritaire tunisien cité par Reuters.
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