L’appui politique presque inconditionnel des Etats-Unis aux islamistes tunisiens a de quo susciter l’étonnement et l’inquiétude.
Par Imed Bahri
L’ambassadeur des Etats-Unis en Tunisie, Jacob Walles, a rendu visite – encore une fois, sommes nous tentés d’ajouter – au siège d’Ennahdha, hier, lundi 29 juin 2015.
Selon un communiqué du parti islamiste, M. Walles a présenté ses condoléances (sic !) au président d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, suite à l’attaque terroriste de Sousse, vendredi dernier, qui a fait 38 morts parmi les touristes européens.
Des assiduités américaines
Le communiqué ajoute que M. Walles a, par la même occasion, réaffirmé aux dirigeants d’Ennahdha le soutien des Etats-Unis à la Tunisie dans ses efforts pour lutter contre le terrorisme et leur détermination à renforcer les relations bilatérales dans l’intérêt des deux peuples et des deux pays.
Voilà pour la langue de bois officielle. Reste que cette visite suscite un certain nombre de questions. D’abord, si on compte le nombre de fois où M. Walles a été reçu au quartier général d’Ennahdha à Montplaisir, on obtiendrait un record difficile à égaler par un autre diplomate en poste à Tunis.
Ces assiduités américaines et cet appui politique presque inconditionnel des Etats-Unis aux islamistes tunisiens a de quoi étonner et, surtout, inquiéter, d’autant que même l’attaque et le saccage de l’ambassade américaine à Tunis, le 14 septembre 2012, sous le gouvernement islamiste et par des hordes islamistes, dont beaucoup appartenaient à Ennahdha, ne semble pas avoir laissé de traces dans les relations entre Washington et Montplaisir. Au contraire, celles-ci ne cessent de se raffermir au fil des jours, et on est en droit de se demander quel deal secret le gourou d’Ennahdha a-t-il passé avec les Américains.
Ghannouchi l’Américain
On aurait vu M. Walles présenter, d’abord, ses condoléances au chef du gouvernement ou au ministre des Affaires étrangères ou, tout au moins, au secrétaire général du parti Nidaa Tounes, qui a remporté les dernières élections législatives et présidentielles et qui dirige aujourd’hui le pays . Pourquoi Rached Ghannouchi et pourquoi Ennahdha?
Est-ce une manière de marquer un intérêt particulier des Etats-Unis, sinon leur préférence pour un parti politique qui s’inscrit plus clairement et plus activement dans les orientations de leur politique dans la région? On est tenté de répondre par l’affirmative.
A moins que l’objet de la visite de M. Walles à Montplaisir ne soit autre. Par exemple, le rôle que pourrait jouer le chef d’Ennahdha auprès des milices islamistes Fajr Libya pour une solution pacifique dans ce pays, devenu un véritable sanctuaire pour les groupes terroristes, Daêch and Co.
Si c’est le cas, M. Ghannouchi ne tardera pas à prendre son bâton de pèlerin, car en bon islamiste, il ne refuse rien aux Américains et tire même une grande fierté à les servir.
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