Les dirigeants de Nidaa Tounes, enfin presque tous ligués contre Hafedh Caïd Essebsi, son chef autoproclamé, vont-ils pouvoir recoller les morceaux de leur formation déjà éclatée?
Par Salah El-Gharbi
La convention nationale du «Mouvement pour le salut du Nidaa», entamée le 10 septembre par des réunions régionales, initiée par un comité formé essentiellement de responsables dits indépendants des clans en conflit, tels Moncef Sellami et Faouzi Maouia, vient, ce dimanche, de clôturer son périple avec l’organisation, à Tunis, d’une dernière assemblée réunissant des cadres du parti, représentants les militants de la capitale et de l’intérieur du pays.
Malgré l’espoir exprimé, le scepticisme persiste
Au cours de cette assemblée, et malgré le soin pris par les responsables de la convention pour que les interventions ne se transforment pas en attaques personnelles visant, dans leur globalité, le «directeur exécutif», Hafedh Caïd Essebsi en l’occurrence, chef autoproclamé d’un parti à la dérive, la colère des intervenants était difficile à contenir. Ces derniers ont, en effet, dénoncé avec véhémence les «agissements irresponsables du fils» (du président de la république, Ndlr), allant parfois jusqu’à en vouloir au père, accusé de complaisance à l’égard de sa progéniture.
Moncef Sellami à la Manoeuvre.
Cette houleuse convention s’est achevée avec l’adoption d’une motion, selon laquelle M. Sellami serait chargé de transmettre les doléances de la base au président de la république, en tant que fondateur du parti et autorité morale et de mener les discussions nécessaires afin de rapprocher les points de vue, et ce, dans le but de préparer la tenue du congrès constitutif de Nidaa, créé en juin 2012 et qui n’a pas eu le temps de s’organiser, de se doter de structure élues et de mûrir son programme.
Au bout de ces démarches, une conférence de presse devrait être organisée (le 10 décembre) pour informer le public sur les résultats des discussions entreprises par M. Sellami et sur la feuille de route à mettre en place afin de redonner un nouveau souffle au parti qui a remporté les législatives et la présidentielle de 2014, avant d’exploser au vol.
On mobilise comme on peut.
Depuis des mois, les observateurs de la vie politique ne cachent plus leur scepticisme quant à la possibilité de voir Nidaa revenir effectivement sur la scène politique comme une force d’équilibre face à la menace rampante du parti islamiste Ennahdha, qui dispose aujourd’hui du plus grand nombre de députés à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP). L’initiative du mouvement du salut saura-t-elle démentir leurs réserves?
A voir les gesticulations de certains responsables de la dégradation de la situation de Nidaa, en l’occurrence, Khémaies Ksila, Ridha Belhaj, Khaled Chouket…, on ne peut que se ranger du côté des sceptiques.
Sauver ce qui reste encore à sauver…
Isoler encore plus le «fils du président»
Cependant et malgré l’importance du défi, et vu l’enthousiasme de la foule qui s’est déplacée, dimanche, pour bien affirmer son engagement vis-à-vis du parti, et vue la détermination de certains cadres, comme Malek Jaziri, l’avocat de Lotfi Nagdh, qui œuvrent à redonner vie à leur mouvement, quelques lueurs d’espoir persistent.
D’ailleurs, cette initiative servait essentiellement à isoler encore plus le «fils du président» afin de l’affaiblir politiquement, l’amenant ainsi à céder et à accepter de partager son autorité avec les autres responsables du mouvement.
Le pari semblait déjà gagné puisque le nombre des participants était suffisamment important pour indisposer le «directeur exécutif». Certains disaient même que ce dernier aurait piqué une grande colère quand il apprit qu’on s’était servi des fichiers du parti pour inviter les cadres à la réunion de dimanche. «Il se comporte comme un seigneur féodal du Moyen-âge, et croit posséder le parti et les adhérents avec», a ironisé, l’un de ces cadres.
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