La rédaction de Kapitalis a l’immense douleur d’annoncer le décès, dans la nuit du lundi 13 et du mardi 14 novembre 2017, de l’une de ses collaboratrices, Noura Borsali.
Universitaire et femme de culture, férue de musique, de théâtre et de cinéma, la défunte était l’une des plus belles plumes de Tunis, l’une des plus indépendantes et des plus pondérées aussi. Ses chroniques, notamment politiques, frappées du sceau de la culture, de la subtilité et du bon goût, au ton toujours juste et mesuré, nous manqueront certainement beaucoup.
Militante de gauche et grande féministe, qui a pris part au cours des 40 dernières années aux combats pour les droits des femmes, et pour les droits tout court, elle a écrit de nombreux ouvrages consacrés à l’histoire de la Tunisie contemporaine.
Critique de cinéma, ancienne présidente de l’Association tunisienne pour la promotion de la critique cinématographique (ATPCC), Noura Borsali a beaucoup écrit sur le cinéma tunisien, arabe et africain. On lui doit notamment un essai intitulé ‘‘Ébauche d’un état des lieux de la critique cinématographique au Maghreb’’.
Titulaire d’un DEA de sémiologie de l’université Paris VII, elle a longtemps enseigné les lettres françaises à la Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales et de Tunis.
Elle est l’auteure d’un ouvrage de référence sur ‘‘Bourguiba à l’épreuve de la démocratie (1956-1963)’’ (Tunis, 2008), fruit d’une enquête fouillée et sans concession sur le coup d’Etat contre Bourguiba de 1962, et ses conséquences: la répression des partisans de Salah Ben Youssef et le sort terrible que le premier président tunisien a réservé aux fellagas.
On lui doit également un ‘‘Livre d’entretien avec Ahmed Ben Salah’’ (Tunis, 2008), ‘‘Algérie, la difficile démocratie. Regards d’une journaliste tunisienne sur l’Algérie de l’après-octobre 1988’’ (Tunis, 2008), des reportages journalistiques effectués en Algérie, ‘‘Tunisie, le défi égalitaire. Écrits féministes’’ (Tunis, 2012, Prix Zoubeida Bechir de la recherche sur le genre, Credif, Tunis 2013).
Elue membre de de l’Instance Vérité et Dignité (IVD), Noura Borsali n’a pas tardé à en démissionner, en 2014, sans faire beaucoup de bruit, ayant constaté les premières dérives de la présidente de cette instance, Sihem Bensedrine. La suite lui donnera raison…
En cette douloureuse circonstance, nous partageons la douleur de sa famille, de ses nombreux amis, dont nous sommes, et de la grande famille de la presse et de la culture en Tunisie, dont elle a été, sa vie durant, l’un des piliers.
Ridha Kéfi
Le dernier article publié par Noura Borsali dans Kapitalis, le 4 novembre courant:
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