L’expérience de la liste citoyenne à la Marsa pour les prochaines municipales mérite d’être dupliquée dans d’autres municipalités.
Par Rachid Barnat
Un article de Kapitalis nous apprend que la société civile à la Marsa a réussi à mettre sur pied une liste «Rencontre Citoyenneté et Progrès de La Marsa» en vue des municipales et de désigner par le vote une tête de liste en la personne du Dr Mohamed Slim Mehrezi. Voilà en tous cas un très bel exemple de démocratie participative dans lequel les citoyens s’emparent d’une question et mette en œuvre une solution qui a leur préférence.
Faire barrage au danger d’une abstention massive
Voici le lien d’un de leurs premiers communiqués.
Cette expérience, sa méthode et sa procédure devraient inspirer d’autres communes. Il y a suffisamment de compétences et de citoyens éclairés un peu partout pour que cela soit possible ailleurs.
Cette façon de procéder est une bonne manière de mettre les partis politiques, un peu à l’écart, même s’il y a dans ces listes des membres de partis, ils ne sont pas là en représentant de leurs partis mais parce qu’ils ont obtenu la confiance de la société civile de l’endroit où ils habitent.
Les partis politiques ont déçu, c’est peu de le dire, les Tunisiens à la fois par leur échec et par la trahison de leurs paroles. Il est à craindre que des listes partisanes entraînent une très grande défiance et une abstention massive.
Les listes citoyennes sont un excellent moyen de faire échec à ce danger de l’abstention tout en sanctionnant les partis, en leur envoyant un message clair: «Vous êtes trop nombreux, vous êtes dans le court terme, dans la compromission permanente et dans la trahison de votre parole; et nous, citoyens éclairés, nous préférons prendre notre destin en main.»
Cela est d’autant plus possible et même souhaitable que nous sommes dans une élection locale où sont en jeux non pas les grandes orientations du pays mais des problèmes concrets de vie quotidienne que les citoyens de base sont les mieux à même de connaître. Quand les ordures sont mal relevées, quand la voirie devient chaotique, quand les trottoirs ne sont pas entretenus; qui est mieux placé que l’habitant de la cité? Quand il s’agit de réfléchir à ce que l’on veut pour sa ville en matière d’animation, de développement urbain ; qui, là encore est mieux placé que les citoyens?
Faire barrage aux opportunistes sans projet
Ces élections municipales sont donc très importantes comme le montre l’article «Les Tunisiens sont-ils prêts pour les élections municipales ?». Mais il est également clair que la constitution des listes est compliquée et qu’il faut être très attentif à toutes les conditions sous peine d’être éliminé.
Il semble d’ailleurs que l’initiative est assez mal vue par les partis traditionnels qui pensent, à tort, que c’est leur chasse gardée et qu’ils sont des professionnels. Quant à leur professionnalisme, les Tunisiens sont bien placés pour savoir qu’il n’en est rien et que la plupart sont des opportunistes sans projet autre que celui d’avoir un poste. Les citoyens ne seront sans doute pas parfaits mais ils ne peuvent vraiment pas faire pire que les soi-disant professionnels de la politique !
Il faudrait donc que partout où, en tous cas, dans le plus grand nombre de communes, de telles initiatives soient menées. Il y a cependant des conditions pour que cela aboutisse au succès.
La première qui sera, peut-être la plus difficile à remplir, c’est qu’il n’y ait, après débat, qu’une liste citoyenne car la division sera aussi mortelle que pour les partis politiques.
La deuxième, dont on ne sait si elle est exigée par la loi, sera la parité.
Et enfin, c’est le moment où jamais de donner une réelle place à des jeunes en nombre suffisant. Ce serait également le moyen d’intéresser la jeunesse qui a beaucoup à apporter au cadre de vie des tunisiens.
Articles du même auteur dans Kapitalis:
Politique : Plateforme pour le règlement de la crise tunisienne
Donnez votre avis