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Tunisie : Les intouchables de la république, qui les couvre?


Les deux lascars Karoui et Gharsalli côte-à-côte en juillet 2015.

Nabil Karoui. Najem Gharsalli. Deux hors-la-loi qui défraient la chronique et scandalisent le pays. Les cas ne sont pas identiques puisque l’un viole les lois en le criant sur tous les toits et l’autre est un fugitif mais les deux lascars sont des intouchables de la République. Qui les couvre?

Par Imed Bahri

Nabil Karoui n’est pas seulement un mondain. C’est un mondain intouchable contrairement à son «frère jumeau» Chafik Jarraya qui est tombé il y a plus d’une année entre les mains de la justice.

Nabil Karoui est-il réellement hors d’atteinte ?

M. Karoui bénéficie d’une couverture qui crée en lui un extrême sentiment d’invulnérabilité et d’impunité. Il s’agit d’une fausse puissance à laquelle prétend cet affairiste (car ce n’est pas un homme d’affaires) véreux et sulfureux car il croit qu’il est «hors d’atteinte» or c’est faux.

Plus il est aveuglé par l’argent et par la proximité du pouvoir, plus il viole les lois et plus il sort de la légalité au point de dépasser toutes ses limites. Et là, son cas s’aggrave davantage au point que sa chute devient inéluctable. Celui qui le couvre arrivera à un stade où les frasques de M. Karoui deviendront si embarrassantes qu’il le lâchera car M. Karoui est le champion de Tunisie de la diffamation. Tu le critiques, il te colle un plateau de 18H à 20H, lâche sur toi ses larbins et te diffame et te salit. C’est devenu un classique, sa méthode est désormais connue et moquée chez tout le monde. Et son imagination en matière de diffamation est intarissable, peut-être qu’en fumant le cigare qu’il affectionne et en prenant une cuillère de caviar, l’inspiration en matière de diffamation se transforme en art que nous méconnaissons. Il se croit le plus intelligent, se prend pour le plus filou et prend les autres pour des cons qui ne comprennent pas son sale jeu.

Au-delà de la diffamation dont il use et abuse, que nous avons d’ailleurs passé au peigne fin, samedi dernier, dans l’article ‘‘Le très sérieux ‘‘Libération’’ et les affaires louches des frères Karoui’’, il y a la question fiscale. M. Karoui envoie balader le fisc comme il adore envoyer balader la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica), son poil à gratter.

Justement, c’est pour des raisons éminemment fiscales qu’il veut faire tomber Youssef Chahed qui n’est pas docile avec lui car il refuse de le couvrir fiscalement. Le chef du gouvernement refuse de donner des instructions à l’administration fiscale pour fermer les yeux sur les déboires fiscaux (fraude et évasion) de Nabil Karoui alors il s’acharne à le faire tomber.

Nessma, la chaîne de M. Karoui, qui est depuis toujours son jouet pour régler ses comptes politiques, est devenue braquée sur la personne du chef du gouvernement. M. Karoui veut sa peau, veut lui faire tomber son gouvernement et travaille méthodiquement à le tuer politiquement. En atteste la mascarade orchestrée, hier soir, dimanche 15 juillet 2018, par M. Karoui, concernant l’interview du président de république, Béji Caïd Essebsi, qui lui sert de moyen pour régler ses comptes avec M. Chahed mais grâce à laquelle il a aussi réussi à manipuler et à piéger le chef de l’Etat en le mettant de son côté, en le faisant parler sur sa chaîne hors-la-loi. Il a réussi à compromettre le président. Pour lui, il faut faire tomber M. Chahed pour trouver une solution à la cette épineuse et tracassante question fiscale et nommer à sa place un mouton docile qui, lui, donnera des instructions à l’administration fiscale pour fermer les yeux sur le cas de M. Karoui.

Quant au sport favori du «frère jumeau» de Chafik Jarraya, c’est de violer les décisions de la Haica. Pour lui, une institution de régulation n’a pas lieu d’être. C’est Nabil qui décide et tout le monde doit se la boucler et accepter ses frasques et ses caprices. Il a été condamné par la Haica à payer et ce à deux reprises 250.000 dinars, il ne paye pas et pire, il organise ses fameux et désormais célèbres plateaux de diffamation et lâche ses larbins sur la Haica et ses membres. Et quelques politicards – car ils ne méritent pas le titre d’hommes politiques comme lui, ne mérite pas le titre d’homme d’affaires – sont sommés par M. Karoui de passer sur sa télé pour lui cirer les pompes, le défendre et s’attaquer à la Haica sinon il les menace de ne plus les laisser passer à la télé et de les boycotter.

Devant tous ces dépassements et ces agissements illégaux, il continue de bénéficier d’une impunité sans égale. Qui le couvre? Mystère et boule de gomme.

Najem Gharsalli le fugitif

Najem Gharsalli fut ministre de l’Intérieur du gouvernement Essid I du 6 février 2015 au 12 janvier 2016. Son bilan: trois attentats terroristes, celui du Bardo (mars 2015), celui de Sousse (juin 2015), celui du bus de la Garde présidentielle à Tunis (novembre 2015). Il a laissé un pays totalement déstabilisé, dont l’image fut souillée et le poumon économique atteint. Cadeau de la part du président Béji Caïd Essebsi: reçu au Palais de Carthage et gracieusement récompensé et nommé ambassadeur auprès d’une cour royale, ambassadeur auprès du royaume chérifien, le Maroc. Un poste très convoité.

Tout se gâte avec l’arrestation du dénommé Chafik Jarraya, «frère jumeau» de Nabil Karoui, qui fut d’ailleurs convoqué et auditionné dans le cadre de l’affaire d’atteinte à la sûreté de l’Etat, trahison et intelligence avec une armée étrangère dite «Affaire Jarraya».

Avec cette affaire M. Gharsalli est convoqué par la Justice militaire. Corporatisme, pressions, copinage, tout est fait pour que l’ancien magistrat Gharsalli ne se présente pas devant la Justice militaire et pour que celle-ci lui lâche les baskets. La Justice militaire ne se laisse pas intimider, ne cède pas aux pressions et aux puissantes mais vaines tentatives corporatistes. Il fut débarqué de son poste d’ambassadeur, son image sulfureuse empoisonnait nos relations avec le royaume chérifien qui ne mérite pas qu’on lui envoie en tant qu’ambassadeur un sinistre personnage.

Coup de théâtre! Gharsalli se voit gracieusement récompensé une seconde fois. Par son corps cette fois-ci. Il a été promu procureur général auprès de la Cour de Cassation. Intouchable M. Gharsalli. Le corporatisme l’a aussi aidé, pas seulement les accointances politiques.

Autre élément très important: les médias avaient relayé à l’époque qu’il retrouvait son poste avant d’être nommé ministre de l’Intérieur. Faux. Encore une fois, ils répètent comme des perroquets sans vérifier la véracité de l’information. Avant d’être ministre de l’Intérieur, Najem Gharsalli n’était pas procureur auprès de la Cour de Cassation mais gouverneur de Mahdia de mai 2011 jusqu’à sa nomination en tant que ministre le 6 février 2015. Et avant mai 2011, il a été président du tribunal de première instance de Kasserine donc il n’a jamais été magistrat à la Cour de Cassation. Par conséquent, on nous prend pour des cons et on nous ment en disant qu’il retrouve son poste avant d’être nommé ministre.

La Justice militaire n’a pas été impressionnée par l’intouchable Monsieur Gharsalli, elle n’a pas désarmé, elle a insisté à le convoquer. Finalement, son immunité fut levée mais Sa Majesté Najem Gharsalli, si intouchable qu’il est, n’a pas jugé utile de se rendre à la convocation judiciaire. Il leur a envoyé 50 avocats. Oui, 50 avocats. La Justice militaire lui envoya une seconde convocation, de peur de faire l’objet d’un mandat de dépôt en se rendant chez le juge d’instruction militaire et de ne pas sortir libre de son bureau, Gharsalli rentre dans la clandestinité. Le juge d’instruction militaire lance à son encontre un mandat d’amener, la police se rend chez M. Gharsalli afin d’exécuter le mandat d’amener, ils ne trouvent personne. Il est en cavale depuis maintenant cinq mois.

Admirez la classe, un ministre de l’Intérieur devenu fugitif et en cavale depuis cinq mois comme un vulgaire bandit. Jusqu’à ce jour, il est dans la nature. Qui le protège? Encore plus grave, qui le couvre? Mystère et boule de gomme.

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