Tahya Tounes clôture aujourd’hui, mercredi 1er mai 2019, son congrès à Radès. A cette occasion, le secrétaire général du parti a appelé la famille démocrate à s’unir pour réussir les prochaines élections et sortir la Tunisie de la crise.
Par Yüsra Nemlaghi
Le congrès, qui a réuni des partisans de Tahya Tounes de toutes les régions du pays, a été ouvert avec des chants engagés interprétés par Khaoula Taous et Fehmi Riahi.
Selim Azzabi, le secrétaire général du parti, visiblement ému, devant une salle comble, a souligné l’importance de l’union de la grande famille des démocrates, destouriens, patriotes et modernistes, afin d’aller aux prochaines élections avec les meilleures chances de succès.
Rconstruire la confiance rompue entre le peuple et les politiques
Il est conscient sans doute du fait que l’éparpillement actuel de cette famille, aujourd’hui on ne peut plus désunie, ouvre un boulevard devant le parti islamiste Ennahda. Il y a donc, pour cette famille, péril en la demeure… Et une réaction salutaire de rassemblement est urgente.
Tout en soulignant la nécessité de reconstruire la confiance rompue entre le peuple et les dirigeants politiques et de laisser place à la jeunesse ambitieuse, Selim Azzabi, qui parle sans doute de lui-même et de ses jeunes camarades du parti, a assuré qu’il fallait tirer des leçons des précédentes expériences, sans donner plus de précision.
Il fait, peut-être, allusion, ici, à l’implosion de Nidaa Tounes, son ancien parti, où les querelles de leadership et les combats de chefs ont éclaté juste après le triomphe électoral aux législatives et à la présidentielle de 2014, réduisant le parti à ce qu’il est aujourd’hui: un véritable nid de vipères.
M. Azzabi a révélé, au passage, un secret de polichinelle, à savoir que le leader du nouveau parti n’est autre que Youssef Chahed, l’actuel chef du gouvernement, même si ce dernier maintient un faux mystère sur ses projets politiques. «M. Chahed a d’autres engagements, préoccupations et responsabilités pour le pays», a dit M. Azzabi, comme pour justifier la distance artificielle que M. Chahed maintient toujours (mais pour combien de temps encore?) vis-à-vis de Tahya Tounes.
Aussi avons-nous pensé, un moment, que ce dernier n’allait pas honorer l’invitation de Tahya Tounes, à l’instar du président de la république, Béji Caïd Essebsi, qui a brillé par son absence, mais M. Chahed a tenu à venir à Radès. Il a cependant axé son allocution sur les réalisations de son gouvernement et sa feuille de route pour les prochains mois.
Parlant des liens entre son gouvernement et Tahya Tounes, objet de polémique alimentée par l’opposition, dénonçant l’utilisation des moyens de l’Etat en faveur du jeune parti, M. Chahed a lancé cette formule : «Ce n’est pas le parti qui a profité du gouvernement, mais c’est le gouvernement qui a profité du parti», laissant entendre que son gouvernement a trouvé auprès des dirigeants de Tahya Tounes le soutien qu’il n’a pas eu de la part des autres partis de la majorité, et au premier rang desquels Nidaa Tounes, passé carrément dans l’opposition. «Maintenant, je ne me sens plus seul», a lancé M. Chahed, laissant entendre qu’il a désormais derrière lui un parti. Ce que les présents ont tenu à confirmer en criant: «Nous sommes avec toi».
Ni Mao Zedong ni Hassan Al-Banna !
Une phrase du chef du gouvernement a aussi retenu l’attention des congressistes: «Notre méthode et notre voie sont l’Etat national et non pas ce qu’a dit Mao Zedong ou ce qu’a dit Hassan Al-Banna», renvoyant ainsi dos-à-dos les deux extrémités de la scène politique tunisienne: la gauche prolétarienne et l’islamisme, ou plus clairement, le Front populaire et Ennahdha.
Tout en affirmant que son gouvernement travaille dans des conditions très difficiles, en raison de la crise socio-économique que le pays traverse depuis 2011, M. Chahed a réitéré l’engagement pris lors de son investiture par l’Assemblée, celui de continuer à œuvrer pour sortir le pays de la crise.
Par ailleurs, le président du congrès, Kamel Idir, a rappelé l’élection de Selim Azzabi en tant que secrétaire général du parti.
Rappelons que le congrès de Tahya Tounes, ouvert vendredi dernier, 26 avril, devait être clôturé, dimanche 28 avril, mais la cérémonie de clôture a dû être reportée à aujourd’hui à cause du tragique accident de samedi, à Sabbala (Sidi Bouzid), qui a fait 12 morts et 21 blessés, en majorité des ouvrières agricoles.
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